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Un second souffle

Je me demandais comment les rapports entre l'hôtesse et moi allaient évoluer; j'optais pour un statu quo, cet... incident agréable de la salle de bain devait s'oublier; seules les circonstances avaient mené à une telle situation équivoque; pourtant, le baiser avait été spontané, notre rapide étreinte avait été passionnée, voire violente, c'était une attirance réciproque; un court instant, j'avais senti cette femme vibrer dans mes bras et un désir fou monter en moi, comme il y a bien longtemps.

Paradoxal, alors que je venais de faire une rencontre avec une femme qui aurait pu occuper mon esprit, une autre venait s'interposer; je tentais de reconstituer le visage de l'inconnue de Boisaumont et c'est celui de Simone Lavigne qui, en définitive, m'apparaissait. Le réalisme l'emportait sur le rêve comme cela m'arrive de plus en plus souvent. Dire que j'étais un rêveur, presque un utopiste durant mon adolescence, mais les dures réalités de la vie détruisent les illusions, minent les espoirs. Plus j'avance et moins j'ai confiance en l'avenir, j'ai envie de vivre  au jour le jour, de profiter du temps présent, ce doit être cela  la vieillesse, finalement elle ressemble beaucoup à la jeunesse.

 J'essaye de paraître naturel en pénétrant dans la salle à manger, je constate que je  ne serai pas le seul convive ce soir, quatre tables déjà sont occupées et d'autres sont garnies de couverts. La patronne vient vers moi, naturelle, souriante comme à l'accoutumée.

- Toutes mes chambres sont retenues pour cette nuit, il y avait bien longtemps, des touristes et également un couple dont le mari est originaire d'Hauréville, vous le connaissez, Georges Mathieu, je lui ai parlé de vous, il vous a situé de suite, il sera heureux de vous retrouver.

Georges Mathieu, ce nom ne m'est pas inconnu... Jojo, c'est cela, un ou deux ans plus âgé que moi; j'essaye de me remémorer son visage, je n'y parviens qu'a demi, seul un détail me revient, ses cheveux, une chevelure noire et abondante, un vrai nid à poux; son père était ouvrier agricole, une famille nombreuse, des gens pauvres, ils habitaient une maison à l'écart du village, bicoque en planches disjointes, sans électricité;  A la fin de la période scolaire, il avait été placé dans une ferme, j'allais chez lui l'aider à rédiger des devoirs nécessaires au maintien des allocations familiales, le gros poêle  à bois tirait mal et, quand je sortais de la baraque, j'étais imprégné de fumée,  ma mère m'en faisait la remarque à chacun de mes retours.

-Tu sens le jambon fumé, va prendre une douche et change toi.



06/09/2012
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