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Le bois des grives

Je prends congé des Calluis, je vais essayer d’en savoir un peu plus sur Gauthier de Verlimont et son entourage.

Avant de quitter le secteur, je fais un crochet par St André-les-Vignes, j’ai déjà aperçu, à l’entrée du village, le domaine des Verlimont que les villageois appellent le château. C’est une grosse maison de caractère entourée de murs, située au milieu d’un parc, au bout d’une allée bordée de tilleuls, je sais que Norbert, le frère de Gauthier l’habite encore. Je sais aussi que le benjamin de la famille est un original, peintre et sculpteur, mais ses œuvres sont parait-il à son image, elles n’enthousiasment pas les amateurs d’art.

C’est l’adjoint de Gauthier qui avait repris la succession à la mairie après le crime, depuis les dernières élections, l’opposition a pris le pouvoir et le nouveau maire que j’ai rencontré à plusieurs reprises tente de valoriser sa commune qui, effectivement, ne manque pas d’attraits. Près d’un  massif boisé, sa rivière est poissonneuse, et puis Saint-André-les-Vignes est maintenant à cinq minutes d’une bretelle d’autoroute et quelques citadins viennent s’y installer en restaurant des maisons anciennes.

Je passe devant la mairie, bien fleurie, et je remarque, dans une rue voisine, l’enseigne d’un café, ce doit être le dernier du village. C’est le fameux bar St Hubert évoqué par Jean Calluis, je suppose que le patron n’est plus le même qu’au temps de Gauthier de Verlimont.

Je me suis peut-être trompé, l’homme qui se tient derrière le comptoir doit avoir dépassé l’âge légal de la retraite.

Je commande ma boisson habituelle que le barman verse lentement en me fixant, il me connait certainement, il arrive que ma photo paraisse dans notre journal.

-Bien fleuri le village… J’essaye d’entamer la conversation.

-Oui, mais ça coûte cher et qui paye, je vous le demande, comme d’habitude, le cochon de contribuable ?

-Vous êtes le dernier débit de boisson ouvert dans ce village, je suppose ?

-Le dernier, quand je me suis installé, nous étions quatre, il y avait de la concurrence et pourtant je faisais un bon chiffre d’affaires…je cherche un repreneur, personne ne se présente, le bar mourra en même temps que moi…ou le contraire… Vous n’êtes pas journaliste à la Gazette ?

Je confirme.

-Votre présence chez à St André, il se passe des choses exceptionnelles ?

-Le dernier crime date d’une vingtaine d’années, vous vous en souvenez ?

-Oh que oui, j’ai perdu quelques clients avec cette triste affaire, monsieur de Verlimont était un fidèle, les chasseurs ont transféré leur point de rencontres, ils ont préféré le bistrot de Roisey, la patronne était avenante.

-Vous avez bien connu Gauthier de Verlimont ?

-Il venait régulièrement avec ses amis chasseurs, ils se réunissaient dans la salle du fond, il venait aussi avant les élections, il payait des tournées générales, j’vous dis, c’était un bon client.

-Et Jean Calluis ?

-Ne m’en parlez pas, un ancien militaire, il avait le sang chaud, il s’est calmé maintenant, quinze ans à l’ombre, il a compris, il n’a jamais remis les pieds dans ma boutique depuis qu’il est sorti, d’ailleurs s’il avait le culot d’entrer, du balai, pas d’assassin chez moi.

-C’est chez vous qu’il a déclaré qu’il voulait se venger du maire ?

-Chez moi et ailleurs, tout le village était au courant.

-Sa culpabilité était évidente.

-Ben oui.

-Il paraît que d’autres avaient également des motifs pour trucider le maire?

-Qui vous a raconté ça ?... Un homme comme lui a toujours des ennemis, mais de là à l’assassiner…

-Et son frère ?

-Un artiste… entre nous, il est le seul à le croire, vous avez déjà vu ses chefs-d’œuvre ? Ca vaut le coup d’œil, vous voyez ce que je veux dire !

-Et les pêcheurs viennent aussi chez vous ?

J’aimerais rencontrer, s’il est encore de ce monde, le pêcheur qui a déclaré avoir vu Jean Calluis jeter son fusil dans l’eau.

-Les pécheurs ? Ils sont rares ici, un seul étang et il appartient à Louis Gournand, l’ancien secrétaire de mairie, lui seul et ses amis ont le droit d’y pêcher.

-C’est sa propriété depuis longtemps ?

-Oh que oui, il appartenait à son père et peut-être à son grand-père.

 



29/01/2012
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