Un second souffle
- Monsieur Demoulin, enfin vous voilà, je me faisais du souci pour vous, par ce vilain temps, vous aviez trouvé un abri j'espère?
Très sympathique madame Lavigne, c'est grâce à elle que le climat de l'hôtel est si convivial, son mari est différent, taciturne, peu causant, il se contente d'être un bon cuisinier, la clientèle apprécie cette qualité.
- Mais vous êtes blessé! vous êtes drôlement arrangé! Venez par ici, je vais vous nettoyer la plaie et vous faire un pansement, que vous est-il arrivé?
L'hôtesse m'entraîne dans son appartement, jusqu'à la salle de bains. J'enlève ma chemise, m'assieds sur un tabouret et me laisse soigner; très agréable le contact des mains douces et chaudes de madame Lavigne, j'en frissonne.
- En plus, vous avez attrapé froid, vous êtes d’une imprudence... je n’ai pas eu le temps de vous prévenir...la pluie était prévisible, nous avons l’habitude, nous... ah vous êtes un bien un homme de la ville, aucune idée des dangers que représentent un orage dans nos campagnes, ils peuvent même être dangereux, l'an dernier, à pareille époque, un agriculteur du village voisin a été foudroyé dans son champ, presque chaque année il se produit un accident dans la région.
Tout en me grondant, mon infirmière occasionnelle continue à me tripoter le dos et les épaules, sa main descend même légèrement en dessous de la ceinture, je ne pensais pas être écorché à cet endroit.
- Le sang a coulé le long de votre colonne vertébrale, vous permettez que je nettoie?
Faîtes-donc chère madame, continuez à me caresser le dos si gentiment, à me tripoter les épaules si délicatement; je sens que demain ma blessure aura encore besoin de soins intensifs.
Je lève la tête et regarde dans le miroir; mon infirmière a un joli visage, épanoui, rayonnant, ses cinquante cinq ans avoués lui vont bien; voilà maintenant que je sens la chaleur de sa poitrine sur mon bras... c'est comme un force obscure qui me pousse, je me dresse rapidement, me retourne et enlace la dame; je la sens s'abandonner, ses lèvres rejoignent aussitôt les miennes, un baiser très, très... langoureux.
- Oh! monsieur Demoulin... arrêtons nos bêtises...nous ne sommes plus des enfants... et si André arrivait.
La dernière partie de sa phrase me plaît particulièrement, serait-elle d'accord pour poursuivre si le risque d'une arrivée intempestive n'existait pas?
- Voilà vilain garnement vous êtes sauvé... et propre.
Et sérieusement émoustillé aussi, Simone a complètement chamboulé mon esprit et le reste. Je monte dans ma chambre, me douche et me change; j'en profite pour me regarder dans le miroir, oui, je trouve que j'ai encore un gueule acceptable, le front largement dégarni, c’est indéniable, mais les yeux sont toujours aussi bleus qu'à vingt ans, des rides, c'est certain, un visage un peu creusé mais le sourire... bon assez, je n'ai jamais fait dans le narcissisme je ne vais pas commencer aujourd'hui; je plais à la plantureuse Simone Lavigne, c'est un bon point; plairais-je à la rencontre de tout-à-l ‘heure? elle est un peu plus jeune, plus fraîche, et apparemment sauvage... et surtout le nom de Demoulin n’a pas l’air de lui plaire...
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