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Les yeux de la lune

C'est vrai, la cave voûtée de Mathilde était beaucoup plus salubre que celle de la ferme, des petits pavés garnissaient le sol, les murs plâtrés étaient peints d’un vert tendre.

- Quel boucan, on avait peur que la voûte nous tombe dessus.

Nanou était recroquevillée dans un coin, assise sur un tabouret, j’allais vers elle et lui passait un bras autour du cou, elle souriait.

- Tu penses que c’est fini, que nous pouvons remonter ?

Mathilde s’inquiétait, je la rassurais, le pont devait être le dernier ouvrage miné par les boches en déroute.

- Je descends tout de suite à la maison, voir si tout est en ordre, heureusement, j’ai entrouvert les fenêtres, tu viens avec moi Christophe ?

Maman me regardait curieusement, puis elle portait son regard vers Mathilde. J’aurais aimé savoir ce qu’elle pensait de l’attitude de cette femme, j’acceptais de l’accompagner, bien décidé à la sonder.

Seule, la fenêtre du réduit était restée fermée, la vitre n’avait pas résisté, les éclats de verre jonchaient le sol.

- Charmante madame Richard, quelle chance elle a, elle va retrouver son mari dans quelques mois...charmante et franche... je la comprends, un beau jeune homme comme toi...si tu n’étais pas mon fils...je dis de grosses bêtises...

- Peut-être que Michel reviendra...

Maman me sautait au cou.

- Et dire que j’étais persuadée que tu n’avais rien remarqué...nous sommes quitte...cette libération tant attendue, nous y sommes, ce soir, demain matin, les libérateurs seront chez nous, je n’ose y croire, pourvu que tout se passe bien...nous remontons chez Mathilde, elle y tient, elle nous veut en sécurité.

- Mais les boches ont décampé, la place est libre.

- Qui sait, des bruits courent dans le village, il paraît qu’un régiment allemand s’est réfugié dans la forêt, les maquisards partis, ce sont eux les clandestins, tu devrais aller voir Edouard, il a certainement d’autres nouvelles.

Effectivement, Joseph Marani, un bûcheron affirmait que plusieurs véhicules ennemis étaient stationnés dans un chemin forestier.

L’atmosphère de la soirée était pesante, la nuit commençait à tomber quand nous sonnions chez les dames Richard.

- Entrez vite, vous êtes au courant ? pourvu que les Américains arrivent vite.

Je ne suis pas pressé de descendre dans la cave, j’aide Mathilde à rentrer le salon de jardin.

- Ecoute ce bruit...

Un ronronnement qui ne ressemblait pas à celui des avions s’entendait au loin.

- Des convois sur la route nationale, les Allemands se replient.

- Et si c’étaient les libérateurs ?

J’avais une envie folle d’aller voir de près, par un chemin rural, deux à trois kilomètres nous séparent de la route.

- Je vais avec toi Christophe.



15/08/2013
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