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La nymphe vengeresse

Avant de quitter Mauzieux et sa  clairière, je rends visite à notre correspondant local.

 Monsieur Simon est un ancien militaire, rigoureux, précis, qui nous transmet, par l’intermédiaire de l’agence locale, les annonces à diffuser,  les comptes-rendus des manifestations mais sans s’écarter de cette ligne, comme bon nombre de correspondants. Il faut des occasions exceptionnelles pour sortir des sentiers battus et souvent nous faisons des découvertes intéressantes.

Je me garde de dévoiler le motif de ma présence à Mauzieux mais je laisse entendre que je vais peut-être revenir d’ici peu.

- Vous voulez parler des travailleurs de la forêt ? je me demande s’ils en valent vraiment la peine.

 

Je passe par la brigade de Serville afin de recueillir un avis concernant les trois accidents. La nouvelle gendarmerie se trouve à la sortie du bourg, dans un immeuble collectif moderne et fonctionnel mais je sais que les anciens gendarmes et surtout  épouses et  enfants regrettent l’ancien complexe avec les pavillons individuels et les lopins de terre. L’adjudant Bertrand vient de prendre le commandement de cette brigade après cinq années passées à la tête de celle de Montcy, je le rencontre de temps en temps et lui passe quelques coups de fil, il est jovial et coopératif.

- La réaction des habitants de Mauzieux ne m’étonne nullement, en quatre mois, j’ai appris à les connaître, un peu marginaux, ils ont une aversion pour les lois et par extension pour ceux qui ont la charge de les faire respecter mais en définitive ce sont de braves gens, j’ai déjà eu l’occasion de le constater. Cette histoire de malédiction est conforme à leur état d’esprit, quand à penser à des crimes ! Je n’ai traité que l’accident de chasse de monsieur Lemarquis, les constatations privilégient la thèse de l’accident classique, le chasseur se prend les pieds dans la broussaille, tombe et appuie sur la détente par inadvertance. Aucune trace de lutte, aucun indice suspect, seule réserve, le chasseur était loin de son poste d’observation, c’est ce point et quelques réticences qui maintiennent l’ouverture du dossier.

- Réticences émanant de la famille ?

- Pas vraiment.

- Les assurances qui pensent à un suicide ?

- Si vous faites les demandes et les réponses.

- Et pour les précédents drames ?

- J’ai lu les rapports de mon prédécesseur, Fernand Maillard a été écrasé par une grosse branche, l’arbre avait été foudroyé et une partie était encore accrochée, des traces fraîches de coups porté à la base de l’arbre prouveraient que le bûcheron avait cogné le tronc pour faire descendre cette partie morte, conclusion tout à fait plausible.

- Si ce n’est que l’homme était un professionnel, qu’il avait de l’expérience, un taux d’alcoolémie négligeable et qu’il était agile.

- C’est vrai mais nul n’est à l’abri d’une erreur d’inattention, dans n’importe quelle profession, une trop grande confiance en soi.

- Et concernant la mort du maire ?

- Etant donné la personnalité de la victime, des recherches plus poussées avaient été effectuées,  seul élément troublant, tout comme dans l’affaire Lemarquis, la présence de monsieur Garassaux à l’endroit où il a été retrouvé... quoique, depuis que je suis dans le secteur, j’ai entendu dire que le maire pouvait avoir de bonnes raisons de s’éloigner de sa trajectoire normale...il était veuf, encore bien vert et...

- Une femme ?

- Ce sont des ragots recueillis par mes hommes, généralement dans les cafés de la localité...Que comptez-vous faire monsieur Passy, une sorte de contre-enquête ?

-  Cela vous inquiète, je ne sais pas encore, je vous tiens au courant, de votre côté, si vous avez omis quelques détails, merci de me les communiquer.

- La confiance règne, vous savez que j’ai toujours joué le jeu, nous avons des intérêts communs et puis je reconnais que votre impact sur la population est important.

 

 



06/10/2011
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