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Aucune chance de voir Marie-Louise, j'apprends qu'elle est en voyage, pour quelques jours d’après les informations communiquées par Yvette.

- Elle sera rentrée avant votre départ je pense.

J'en doute et entreprends une sorte de tournée d'adieux, je commence par le hameau tant de fois visité, toujours le même scénario, demi-tour devant la propriété Fontaine, coup d’œil dans la cour sans voir un chat, j'aimerais aller poser une question  Adèle concernant les bouquets, à quoi bon; je comptais saluer Nadia, la jeune dame, mais elle est absente; sa vielle voisine est prête à m'aborder, je feins de l'ignorer et  quitte les lieux rapidement.

Je passe chez madame Verlier, elle m'accompagne chez Margot.

- Encore ici gamin, toi tu ne va tarder à revenir, je le sens, ce village est particulier, quand on y reste quelques temps, on ne peut plus s'en dépêtrer, c'est ce qui m'est arrivé en 42, j'étais venue ici pour me mettre à l'abri de la guerre, mon mari venait de périr en mer, comme tu vois, depuis bien des guerres se sont déroulées et si je tiens le coup jusqu’à cent ans, il s'en déroulera encore quelques unes malheureusement, les hommes sont fous.

Dès que je me retrouve seul avec madame Verlier, j'attaque sur le nouveau sujet qui me tient à cœur.

- La vue des jolies femmes te montent à la tête, avec Marie-Louise Vignon, enfin Dubois  ou Peronnet, tu veux encore remuer certaines affaires plus ou moins claires; de ce côté ne compte pas sur moi, les familles Peronnet et Vignon ne faisaient pas partie de ma clientèle, des gens assez discrets, honnêtes mais peu expansifs.

- J'ai un vague souvenir de sa maman, à l'époque où je servais la messe, elle aussi était jolie.

- Et comment, une vraie beauté, tous les gars du village et des alentours lui couraient après, elle a conçu sa fille avant le mariage, nous n'avons jamais su si le père de Marie-Louise était Albert.

Je me lance, parle de la ressemblance évidente entre Capucine et Marie-Louise.

- Tu crois? remarque je n'ai pas vu Capucine depuis des années, quand elle était encore à Boisaumont, c'est Marie-Louise qui n'était plus là... mais je pense que tu es observateur... et puis un homme amoureux est capable de déceler certains traits de caractère physique... tes remarques donnent à réfléchir... cet Albert Vignon qui vient de casser sa pipe pourrait être le père de Capucine, c'est une éventualité.

Pour moi, peu importe, et puis j'ai une autre version, que je vais garder secrète, d'autres ont vraisemblablement le même point de vue que moi, René Louvier par exemple et le père Manaux.