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Si cette maison est un excellent poste d'observation, elle est également bien en vue et son aspect engageant attire l’œil; une fois de plus le nom m'est revenu à l'esprit, le grand-père de Marie-Louise était officier à la retraite, un homme d'apparence austère que tout le monde respectait et craignait à la fois; mais, le souvenir le plus intense qui remonte doucement à la surface est surtout celui de sa fille, une dame d'une beauté nonpareille. Enfant de chœur, je l'admirais quand elle venait recevoir la sainte communion, elle s'approchait lentement en baissant la tête puis levait ses jolis yeux, ouvrait la bouche et tirait légèrement la langue; après son passage, je détournais la tête,  les autres dames ne m’intéressaient plus. Et voilà que je la retrouve un peu dans Marie-Louise, dans sa façon de marcher, je ne peux pas lui demander d’ouvrir sa jolie bouche et de tirer la langue, pour voir...

Nous sortons de la salle parmi les derniers, je quitte la jolie dame avec regret, pourrais-je la revoir?

Mes mentors se sont aperçus de mon trouble, Yvette particulièrement, à peine dans la voiture elle me parle de son amie.

- Marie-Lou va être déboussolée, son père l'occupait, elle lui était très attaché et... pourtant.

- N'empoisonne pas monsieur Demoulin avec des ragots de village, personne n'est sûr de rien, les gens sont toujours prêts à raconter des bobards... et puis c'est de l'histoire ancienne.

Encore des mystères autour de cette femme? décidément celles qui me plaisent sont marquées par le destin, je pousse Yvette aux confidences.

- Albert Vignon n'était pas son vrai père parait-il, il a épousé la fille Peronnet alors qu'elle  était enceinte, enfin elle a accouché quatre mois après le mariage.

- Ils pouvaient très bien se fréquenter avant, cela se faisait aussi, il n’y a pas que maintenant

Nous sommes arrivés à la ferme Lenoir, Yves est pressé d'aller se changer, il doit  se sentir à l'étroit dans son costume.

- Le boulot nous attend, faut allez traire les vaches, à un de ces jours monsieur Demoulin et j’espère que vous viendrai nous dire au revoir quand vous quitterai le village.

Je suis pris entre deux sentiments, je me demande si j'ai bien fait d'effectuer ce retour aux sources, je passe par de drôles de situations, après Capucine, c'est Marie-Louise Dubois qui perturbe mon esprit; j'ai bien envie de soumettre ma vieille copine à la question; madame Verlier va me trouver ridicule et je crois qu'elle aura raison; assez de bêtises, je vais régler ma note et partir au plus vite; le calme, oui pendant quatre jours mais depuis le premier orage, que de tempêtes dans mon cerveau... et ailleurs; tout de même Simone, c'est du concret, elle m'a réhabitué à des pratiques agréables; j'ai besoin d'une femme, d'une présence à mes côtés; Marie-Lou comme l'appelle Yvette, voilà celle  qu'il me faut, je sens qu'elle aussi a besoin d'un présence; Capucine n'était qu'un mirage, le second arc-en-ciel, à la sortie de l'église, était d'une beauté, d'une pureté, plus lumineux,  plus complet que le premier; allez trois  jours pour réussir mon entreprise, quatre, pas un de plus.

- Tu sais ce qui m'arrive?

A voir la mine épanouie de l’hôtelière, ce qui lui arrive est réjouissant.

- Mon argent, remis à sa place, enfin presque à sa place et presque tout, manque vingt mille francs.

- La valeur d'une belle moto, d'une police d'assurance et de quelques frais.

- C'est également ce que je pense, mille mercis, c'est grâce à toi; j'ai parlé à demi-mot de mon problème à Maria, elle a compris le message, sermonné son rejeton et récupéré le solde; je vais m'abstenir d'en parler, oublier cet incident, le jeune était venu travailler dans l'appartement avec son patron, refaire les portes, ce sale gosse avait repéré les lieux.

Je n'ose demander à combien se monte le reliquat, ce doit être assez conséquent pour qu'elle accepte un prélèvement de deux briques, en tout cas, cette restitution partielle me permet de retrouver une maîtresse plus en verve que les dernières fois.