Un second souffle
La salle du restaurant est beaucoup plus calme qu'hier, quel changement, Simone me parait également différente, presque distante ; peu de chance de l'entendre gratter à ma porte ce soir, dommage j'en prendrais facilement l'habitude.
Je termine tranquillement mon dessert et, agréable surprise, l’hôtesse vient s'asseoir à ma table.
- Je peux vous.. te parler.
- Bien entendu.
Je crains le pire, son allure contrite me fait peur, son endormi d’André a découvert le manège nocturne.
- J'ai un sacré problème... dans la matinée, je me suis aperçue... enfin j'avais une pochette contenant de l'argent liquide, dans un secrétaire... disparue.
- Dans l’appartement?
- Plus précisément dans le bureau, mais il faut passer par l'appartement pour y pénétrer, ou par la porte-fenêtre éventuellement, seulement il faut être au courant, toutes nos ouvertures donnent dans la cour fermée.
- Tu as des soupçons?
- Avec le monde que nous avions dans nos chambres la nuit dernière, un client probablement.
- Tu as les adresses de tous ces gens?
- Ma foi non, les fiches obligatoires, c'était barbant de les faire remplir mais au moins j'aurais les noms réels, je soupçonne plusieurs clients de réserver sous des pseudos.
- Tu as porté plainte à la gendarmerie?
- C'est bien cela le pire, impossible, tu comprends, c’étaient des économies...
- Non déclarées.
- Voilà.
- Ton mari est au courant?
- De rien, ni du vol, ni de la présence de cet argent... j’en avais mis de côté, jour par jour, en cas de coup dur... je compte sur ta discrétion.
- Pourquoi me l'avouer?
- Il fallait absolument que j'en parle à quelqu'un, que je me confie, j'ai confiance en toi et puis nous sommes complices en quelque sorte.... une belle somme... j'en suis malade.. les clients d'hier paraissaient honnêtes, qu'en penses-tu?
- Je les ai peu regardés, j'étais occupé... tu sais, les voleurs ont des têtes comme tout un chacun.
- Justement, ton fameux copain, parait que son père avait une mauvaise renommée dans le temps, l'atavisme.
- Tu plaisantes, un officier à la retraite, et en ce qui concerne son père, il était accusé de tous les maux, dès qu’un cambriolage était découvert, ou une disparition, une déprédation, c'était lui ou l'un de ses gosses, c'était pratique de désigner un bouc-émissaire. Quand des roulottes de gitans stationnaient derrière la gare, les villageois accusaient les occupants de voler les poules et les lapins, un soir grand-père a identifié un chapardeur qui n'avait rien d'un romanichel ni d'un Mathieu, il s'agissait d'un voisin réputé honnête.
- Je sais, rien n’a changé, c’est toujours comme ça, tout de même, ce départ précipité, comme des ... voleurs.
- Tu m'as parlé d'un coup de téléphone matinal, un problème dans la famille peut-être?
- Oui, c'est plausible... ou un complice qui appelait? pour avoir un alibi, une bonne raison de se sauver, je ne sais que penser... bon, je peux en faire mon deuil, je vais avoir bien du mal à m'en remettre... et ton dos? tu veux que je vienne te soigner ce soir?
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