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L'araignée rouge

Eviter St Jean, c’était mon intention, inutile de prendre des risques, j’ai affaire à des gens qui n’hésitent pas à tuer. Je vais me contenter de Viramont et de son club de tir, j’ai déjà récolté quelques renseignements sur les Jeanneaises qui le fréquentent, curieusement, parmi ces adeptes de la carabine, Annie Lachet et Laure Maréchal, les épouses des chasseurs amis de Maurice Ravaux, l’armurier. Ces renseignements m’ont été donnés par Léa, la bru d’Etienne Legardeux, inscrite également dans ce club.

-Elles sont parmi les meilleures à la carabine, excepté la championne Marie-Pierre de Launois, vous connaissez ?

Qui ne connait cette dame, présidente du Secours Catholique départemental, membre de plusieurs associations caritatives et, ce qui ne gâte rien, adjointe au maire chargée des affaires sociales, vice-présidente du Centre Communal d’Action Sociale.

-Vous la croyez capable de trucider deux personnes ?

-C’est un parangon de vertu, mais qui sait, justement au titre de justicière.

Je retiens toutefois les deux autres, Annie Lachet est la fille d’un ancien maire, son mari est entrepreneur de travaux publics, le couple a deux enfants, une fille et un garçon qui, d’après les renseignements de Léa doit avoir dans les vingt ans, il est étudiant en architecture. Laure Maréchal dirige avec son mari une société immobilière importante, d’ailleurs, le promoteur et l’entrepreneur sont associés dans de nombreux projets, le couple Maréchal a quatre enfants, trois ont dans les trente ans, le petit dernier une vingtaine d’années.

Léa est une indicatrice précieuse, elle me donne quelques indications intéressantes concernant Annie et Laure.

-Ce sont de bonnes amies, mais elles sont également rivales.

-Sur le plan sportif ?

-Pas seulement, elles se disputaient un professeur, finalement c’est Laure qui l’a emporté, une revanche car au tir, Annie la supplante.

-Cette idylle dure encore ?

-Ils sont discrets, mais je pense que oui, il y a des gestes et des paroles qui ne trompent pas.

 

Mon ami Olivier, de la PJ me communique le résultat de ses recherches.

-L’abonné détenteur du numéro de téléphone est Guy Maréchal, le promoteur, mais ce n’est ni son numéro personnel, ni parmi ceux de sa boite, peut-être celui d’une garçonnière, la localisation est difficile, les chiffres correspondent au secteur de St Jean mais c’est assez vaste, avec des petits villages aux alentours.  

 

Pour approcher les championnes de tir sans éveiller les soupçons, je n’ai qu’un moyen, faire un reportage, seul obstacle mais de taille, les sportifs sont l’exclusivité de mon collègue Romain et il tient à cette exclusivité. Lui dévoiler le but est dangereux, il parle beaucoup et il pourrait faire capoter l’opération, monsieur Magnien, habile tacticien a trouvé une solution, même si elle va lui coûter.

-Je vais l’envoyer aux championnats d’Europe de natation, deux nageuses de notre club local ont été qualifiées, c’est un événement et il va les suivre durant une semaine.

Dominique Legrand, président du club de tir est enchanté.

-Il serait temps que l’on parle de nous, il n’y a pas que le foot à Viramont, vos collègues du sport snobent notre discipline et pourtant nos adhérents viennent de tous les milieux et représentent toutes les générations, le plus ancien a soixante-dix-sept ans, le plus jeune treize, et puis nous avons d’excellents résultats.

Naturellement, il m’est impossible de limiter ce reportage à la section féminine, Philippe, mon adjoint temporaire va s’intéresser plus spécialement aux jeunes.

Je fais connaissance avec Julien Bollenger, le professeur de tir, il a plutôt le look d’un moniteur de ski ou d’un maître-nageur et il n’est pas étonnant que les dames apprécient ses leçons.

Après quelques interviews dans la section pistolet pour donner le change, je m’intéresse à la section carabine dames, je rencontre Annie Lachet et Laure Maréchal, par contre Marie-Pierre de Launois est absente à cette séance d’entraînement.

-Elle est retenue à la mairie, elle viendra la semaine prochaine, m’assure Julien.

Annie Lachet est telle que je l’imaginais, jolie, snob, sûre d’elle, son regard vous transperce, je comprends le prof, il a préféré la douceur de Laure Maréchal, son sourire et sa voix mélodieuse.

J’assiste à une séance de tir à la carabine, l’arme est une 22 long rifle, la cible est placée à cinquante mètres.

-Trois positions en compétition, couché, debout et à genou, vingt balles à chaque position dans un temps déterminé.

Annie couchée, c’est un spectacle et j’ai les yeux fixés sur son fessier plutôt que sur les cibles. La position de Laure est agréable aussi mais un peu moins érotique, j’aimerais voir la prude Marie-Pierre dans cette posture, je crois me souvenir qu’elle a des formes avantageuses, je reviendrai la semaine prochaine.

-Cinquante mètre seulement, je pensais que la portée de cette arme était supérieure.

-Bien entendu, une balle peut aller beaucoup plus loin en tir extérieur, mais il est évident que la précision diminue quand la distance augmente.

-Et avec une lunette.

-Cela dépend de plusieurs paramètres en plus de la qualité du tireur, même le vent a une influence.

Je n’ose poser des questions trop précises, au risque de mettre la puce à l’oreille de Julien.

-Quelques chasseurs utilisent la 22 long rifle pour le petit gibier, ils peuvent faire mouche aux environs de cent mètres.

-Vous tirez aussi je suppose ?

-Oui mais je préfère le tir libre, à l’extérieur.

-C’est dangereux.

-Je tire dans un endroit sécurisé, une ancienne carrière.

-Dans le secteur ?

Cette question, je n’aurais pas dû la poser, Julien n’a aucune envie d’y répondre.

-Votre reportage, sur les adhérents ou sur les professeurs ?

Je le rassure.

 

Faut-il ajouter ce professeur à la liste des suspects ? Je pense que oui, il est à Viramont depuis quatre ans, en attendant, je vais essayer de trouver la carrière où il fait des cartons.

L’enquête concernant le meurtre de Bourlon piétine, une certitude, d’après l’angle de tir, le tueur était soit au premier étage située en face de la Lanterne mais c’est relativement loin, soit ce qui est le plus plausible dans la caisse d’un camion garé en haut de la place, m’indique l’adjudant-chef.

-Ce sont souvent des camions de livraison qui ne peuvent circuler dans les petites rues adjacentes, ils déchargent les marchandises et les transportent sur des minis chariots élévateurs.



11/01/2012
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