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La nymphe vengeresse

- Le mégot, vous l’avez conservé ?

Je contacte mon ami Olivier.

- Nous avons des défauts mais nous ne détruisons jamais les pièces à conviction.

- Si je t’en apporte un autre, tes services sont-ils capables de dire si les lèvres qui ont serrés délicatement le filtre sont identiques ?

Je venais de rentrer, le mégot de Malboro abandonné par Patricia  m’avait interpellé,

- Tu es pressé ? mon copain du labo est en congé pour quelques jours, les autres risquent de m’envoyer sur les roses.

J’avais envie de retrouver la capiteuse Patricia et de bavarder avec elle j’’entrais au salon de coiffure.

- Vous auriez pu m’avertir, nous avons un travail monstre en ce moment, le nouvel an...revenez ce soir, nous fermons à dix-neuf heures.

L’offre est accompagné d’un sourire prometteur, la petite apprentie qui s’escrime sur une chevelure abondante les mains dans le shampooing n’est pas dupe, à tour de rôle elle nous examine alors que sa cliente me zieute sans retenue par l’intermédiaire du miroir.

Je bats en retraite, les odeurs d’un salon de coiffure pour femmes me dérangent, ce mélange de produits colorants et de parfums capiteux me picotent désagréablement les narines. Patricia m’accompagne jusqu’ à la sortie.

- Puis-je vous poser une seule question ? la Fontaine-aux-Chênes, vous connaissez ?

- Je suis née et ai vécu plusieurs années à Mauzieux.

- Et vous y retournez quelques fois ?

- Y retourner ? Dans ma jeunesse j’y suis allée une seule fois, avec mon père, voyez même pas avec un amoureux.

 

Si les gens normaux freinent leur élan durant les fêtes de fin d’année, si même les officiers de la gendarmerie prennent quelques jours de congés, les agents du fisc ne lâchent jamais leur proie. Remontant à la source des fournitures de matériaux utilisés par Radzic, ils découvrent de nombreuses anomalies ; les fenêtres n’ont jamais été facturées mais ils ont trouvé le fabricant en comparant les profils des battants avec les outils utilisés par les menuisiers de Mauzieux. Un travail minutieux, et il faut bien admettre que ces fonctionnaires ont des idées géniales ou...machiavéliques, c’est en contrôlant les outils et autres accessoires dans une société d’affûtage qu’il ont mis un nom sur les  menuiseries : Lemarquis. Isabelle jurait ses grands dieux qu’elle n’était pas au courant de cette vente clandestine puis avouait que c’est bien elle qui avait encaissé l’argent liquide. Les employés n’ayant plus de crainte quant à leur place révélaient qu’effectivement ils avaient fabriqués les fenêtres de Radzic sur l’ordre de monsieur Lemarquis. D’autres anomalies étaient mise à jour, la moquette avait été détournée par un ouvrier travaillant pour une maison spécialisée dans les revêtements de sol, diverses accessoires provenaient également de vols, le tout payé en billets de banque.

Ces découvertes confortaient les premières impressions des gendarmes, Radzic avait mis la main sur le magot de Maillard. De là à supposer que pour ce faire il avait occis le bûcheron, il fallait encore des preuves. Et puis les deux autres décès ne trouvaient aucune explication plausible.

L’adjudant Bertrand exprimait sa pensée.

- Il aurait tué le maire par jalousie. Alors qu’il faisait marcher toutes les femmes, Elisa lui résistait encore. Quant à André, il avait peut-être compris que son client de fenêtres était un assassin, et puis vous savez par expérience qu’en matière de meurtre, c’est le premier pas qui coûte, après, tuer devient une simple formalité.

Cette thèse met à mal les remarques notées sur le cahier intime de Marie-Louise et je dois dire que cette spontanéité à me confier de tels feuillets accusant ouvertement Jacques Galley et l’épouse de son père est certainement une grossière erreur, la demoiselle cloîtrée mésestime les capacités de déduction de ceux qui vivent à l’air libre, elle pensait apporter des preuves et au contraire elle condamne sa grande sœur.

- Que pensez-vous de Patricia Galley ?

- Vous avez rencontré Patricia Galley ?  qui ne la connaît à Serville, méfiez-vous, sous une apparence de femme avenante et facile, c’est une mangeuse d’homme, elle se sert de ses relations pour obtenir des avantages, elle vient de reprendre la totalité des parts du salon de coiffure, d’acheter l’immeuble où il est installé et où elle habite, avec quatre autres logements.

- Son père doit l’aider.

- M’étonnerait, les Galley ne sont pas dans une situation financière vraiment brillante, l’exploitation forestière ne rapporte plus comme par le passé, nous avons des informations...qu’avez-vous en réserve monsieur Passy, je commence à bien vous connaître.

- Puisque les brigades financières sont performantes, mettez-les sur la piste des revenus de la jolie coiffeuse...la fortune de Maillard devait être conséquente, les fruits de son travail et de ses chantages, Radzic avait le cœur sur la main et il était en contact avec la demoiselle.

- Vous en êtes certain ?

 

- Tu m’as obligé à faire un gros mensonge, les deux mégots ont été envoyés dans un laboratoire Parisien, j’ai prétexté une vague histoire pour obtenir cet examen délicat. Je viens de recevoir le résultat, les deux cigarettes ont été fumées par la même bouche, comment sont les lèvres de la dame ?

- Patience, tu les verras probablement en photo dans notre journal, avec leur environnent habituel.



20/11/2011
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