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-Ecrivez que les gendarmes ne sont pas des mauviettes, je devrais être au repos, mais avec cette affaire, je me rends utile au bureau.

-Que vous est-il arrivé, en jouant au foot ?

-Affirmatif, j’ai voulu faire le malin avec mon petit-fils et voilà le résultat…Madame Mancini a quitté la maison hier matin, d’après sa femme de ménage, elle devait aller chez son coiffeur mais son coiffeur ne l’a jamais vue.

-Monsieur Mancini s’est inquiété seulement ce matin ?

-Il rentré tard dans la nuit et dans ces cas-là, d’après ses dires, il ne dérange jamais son épouse, il couche dans une pièce du sous-sol.

-Il pouvait constater l’absence de la voiture de madame dans le garage?

-Il a laissé la sienne dehors.

-Vos hommes parlaient de témoignages confus.

-Les bavards…Toujours pareil lors de disparitions, vous le savez, un témoin a aperçu madame Mancini à la gare, un autre a vu sa voiture à une station-service, ça part dans tous les sens, il faut trier le possible du faux.

-Marlène ne passe pas inaperçue.

-Ah ! Vous l’appelez Marlène, vous êtes intime, c’est vrai, une jolie femme, elle sait profiter de son charme, je l’ai intercepté une fois, pour un non-respect de stop, j’avoue qu’elle a su m’enjôler, j’ai fermé les yeux.

-Le pauvre automobiliste qui a suivi a été aligné, lui !

L’adjudant se tait.

-Un couple uni, à part… ?

-Vous faites dans le people à la Gazette, votre question prouverait que vous savez, un secret bien gardé qui n’est ressorti qu’après le décès d’Yves Bartin et qu’il était décent de taire.

Un coup de téléphone interrompt notre conversation, à peine raccroché, l’adjudant appelle ses hommes par radio.

-Retournez sur la route touristique, un promeneur aurait aperçu une voiture hier après-midi au bord du ruisseau, à l’entrée du bois, sur un petit chemin encaissé, il pensait à des amoureux.

Je saute  le déjeuner au restaurant aujourd’hui, je vais acheter un sandwich.

Les pompiers sont bruyants et voyants, trois véhicules traversent la place et se dirigent vers le pont, comme tout journaliste curieux, je les suis, mais en respectant les feux tricolores.

Ils prennent la route touristique, direction le Bois-aux-Loups, du nouveau certainement concernant la disparue.

Plusieurs fourgons de la gendarmerie sont garés à l’entrée du bois, un gendarme me fait signe de faire demi-tour. Je me gare sur le bas-côté et descends.

-Ah c’est vous !

-La voiture a été retrouvée ?

-Je crois, moi j’ai la consigne de bloquer les véhicules éventuels.

Une consigne judicieuse car je vois arriver une véritable caravane sur la route.

-Tous les voyeurs se précipitent, comme d’habitude.

Des éclats de voix, des pompiers sortent du bois.

-Elle est en bas, près de la rivière, morte !

Une civière est sortie, je reste en retrait, le gendarme adjoint du chef vient vers moi.

-Elle s’est pendue, quelle tristesse !

Je n’ai plus rien à faire dans cet endroit, je retourne à Charville, je dois avertir le journal, encore un décès qui va secouer la région, la notoriété de Mancini, celle de Marlène, sans compter l’ombre d’Yves Bartin.

La nouvelle se répand vite, déjà du monde devant la gendarmerie, un officier vient d’arriver, je ‘ai pas eu le temps de voir si c’est le commandant de compagnie, sa voiture a contourné le bâtiment pour se garer dans la cour arrière.