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Un second souffle

Le ciel s'assombrissait soudainement, de gros nuages noirs venaient se bloquer sur la barre des collines, menaçants, oppressants,  l'orage n'allait pas tarder à éclater, je pressais le pas. Quelle idée absurde d'avoir projeté cette promenade pédestre malgré la menace évidente, la chaleur lourde de ces derniers jours ne pouvait qu'aboutir à des coups de tonnerre. Encore deux bons kilomètres avant de trouver une habitation, un abri, même en courant, largement de quoi être trempé jusqu'aux os, d'autant plus que je n'ai qu'une malheureuse chemisette sur le dos...et puis courir, je n’ai plus le souffle de mes vingt ans, ni même de mes quarante...

Premiers éclairs, premiers grognements, premières gouttes, et des gouttes énormes, il est préférable d'abandonner la petite route bordée de marronniers, c’est trop risqué, la foudre a déjà laissé des cicatrices sur plusieurs troncs. Traverser le pré voisin présente aussi de sérieux inconvénients, à l’aller, j'ai remarqué, parmi les ruminants, la présence de quelques taurillons antipathiques, j'ai beau être petit-fils de paysan, je crains ce genre d'animal vindicatif et souvent intolérant avec les paisibles promeneurs.

Petit-fils de paysan? C'est de l'histoire ancienne, un peu plus de quarante  ans que mes parents et moi par la même occasion, avons quitté la campagne et la région. Bien sûr, l'argile colle encore un peu sous mes brodequins, j’ai encore des racines dans cette région boisée et vallonnée, mais tellement d'événements se sont produits depuis, il me semble que les quinze premières années de ma vie ne me concernaient pas vraiment, que j'étais quelqu'un d'autre, c'est un peu la raison de cette curieuse envie qui m'a poussé à revenir dans mon village natal, un désir de revoir le décor qui était le mien durant ma jeunesse et une partie de mon adolescence, un besoin de me ressourcer pour employer un verbe à la mode, après la disparition de celle qui m'avait accompagné pendant près de trente ans et que j'aurais voulu garder toujours. Après ma mise à la retraite anticipée et un désœuvrement subit, j'avais besoin de m'isoler, de changer d'air, de prendre un peu de recul, où trouver le calme, si ce n'était dans ce petit coin de campagne, dans ce village d'Hauréville. L'unique possibilité d'hébergement, l'hôtel de la Vallée est dans le Michelin et figure dans d’autres guides touristiques, simple mais convenable, dans un décor champêtre calme et vivifiant  indique le commentaire, c'est vrai, il aurait pu ajouter, ambiance familiale, repas soignés, rapport qualité prix imbattable.

Le calme je l'avais effectivement trouvé, quatre jours de repos complet, couché tôt, levé relativement tard, quelques promenades pédestres, plusieurs circuits dans les rues d’un  village que je ne reconnaissais pas vraiment, les artisans ont disparu, presque tous les commerces sont fermés, peu d’animation dans les rues.  Je commençais déjà à m'ennuyer, j'avais prévu une dizaine de jours de villégiature, je pense que je vais abréger, l'air pur et la tranquillité sont insuffisants pour être heureux.

 



13/08/2012
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