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Les yeux de la lune

Grand-père tournait comme un ours en cage, une heure que les deux hommes  étaient dehors.

- Pourvu que... les voilà.

Seul Edouard apparaissait, il répondait à notre interrogation muette.

- Mission accomplie, Michel est... il est retourné dans la forêt.

La gêne de mon oncle était évidente, certain que le maquisard était chez moi, qu’il avait profité de sa présence au village pour...

- Je vais à la maison.

Edouard bondissait et bloquait la porte.                                             

- Pas question Christophe, pas question de sortir, c’est le couvre-feu et il y des patrouilles dans les rues.

Grand-père était surpris.

- Des patrouilles dans le village, ce serait bien la première fois ?

Le geste imperceptible d’Edouard confirmait ce que je supposais, je n’avais qu’une  solution,  me résigner.

 

C’est juste avant midi qu’un véhicule allemand débarquait Pierrot dans la cour de la ferme, je venais d’y revenir après une incursion rapide à la maison. Maman n’avait pas protesté quand je lui avais annoncé qu’elle déjeunerait seule, je pense qu’au contraire ma décision l’arrangeait.

Pierrot était passablement excité.

- J’ai cru qu’ils allaient me fusiller les fumiers, j’ai rien dit, seulement que les grenades avaient été piquées par des gosses et que je ne savais pas où elles étaient...j’ai tenu ma langue pour les maquisards...les deux types en noir... des Français, pire que les boches...enfin ils m’ont relâché...ils m’ont dit qu’ils avaient retrouvé les grenades, comment que ça se fait ?

Nous expliquions comment s’était déroulée l’opération.

- Des chics types ces maquisards...je vais avec eux, je veux me venger, il me faut la peau des deux collabos.

- Attends au moins que la moisson soit terminée, encore une petite semaine...

Grand-père était sèchement interrompu par Edouard.

- Je suis capable de conduire les chevaux pour la lieuse, pour rentrer les gerbes, je crois que je pourrai compter sur mon neveu...si je n’étais pas père de famille, c’est moi qui irais dans la forêt.

- Vous parlez, vous parlez, vous avez pensé à celui qui a dénoncé Pierrot ?

Simone avait raison, l’arrestation découlait d’une dénonciation.

- Les gamins en ont parlé chez eux, un salopard a été le dire aux soldats.

 



17/05/2013
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