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Un été ordinaire

Barbara avait tenu parole, elle me présentait triomphalement un récipient plein à ras bord d’une glu rose bonbon. Je fermais les yeux en reniflant la bouillie, heureusement l’odeur n’était pas désagréable. L’Anglaise m’avait répété plusieurs fois le mot pudding et rien que pour admirer le mouvement des lèvres, j’étais prêt à ingurgiter des cuillerées de mixture. Cette fois, elle était en jupe, une jupe bien ajustée qui faisait ressortir les rondeurs postérieures. En haut, elle portait un chemisier non moins ajusté qui modelait  parfaitement sa poitrine.

- Alors Freddy ?

Alors ! j’étais sidéré, rien à voir avec ce que j’avais été obligé d’avaler chez les Brady à London, ce pudding, sans être aussi bon qu’une mousse au chocolat avait un goût agréable.

- Attention ce n’est pas du Plum-Pudding, il n’y a pas de graisse de bœuf.

Fallait le dire ma brave dame, décidément, vous me plaisez de plus en plus.

  

- Tu as vu la nouvelle voiture de Barbara ?

Je l’avais bien vue, une Panhard magnifique.

- Voilà ce qu’il me faudrait, la grosse Ford est pénible à conduire, ce n’est pas une voiture de femme.

Heureusement que Marina avait son permis de conduire, ma tante avait essayé de piloter mais, avec sa patte folle...

- Sept cents kilomètres avec un plein, c’est incroyable.

La perspective de faire des économies de carburant avait aplani le dernier obstacle, Odette acceptait et une Panhard était commandée.

Barbara avouait qu’elle n’avait jamais vu un petit  Frenchie aimer à ce point le pudding et, à chaque visite, j’avais ma ration. Je souhaitais recevoir une récompense, mais, à part des poignées de main plus ou moins longues, des sourires enjôleurs, rien ne préfigurait une autre perspective.

 

- Veux-tu faire un petit tour avec nous en voiture, pour essayer la Panhard ?

J’acceptais l’invitation de Marina.

Nous avions fait au moins une trentaine de kilomètres en roulant sur des petites routes, nous avions traversé des villages où les gens se retournaient sur notre passage. J’étais assis à côté de la conductrice et sa jupe bien relevée détournait mon regard du paysage. Derrière, Marina me soufflait dans le coup en parlant, je respirais son parfum teinté de son odeur corporelle, un mélange subtil que j’appréciais.

 

 

 La peur du tonnerre avait guidée Sylvette vers ma chambre, la sienne n’était plus éloignée depuis son installation à l’étage.

- La tante est sortie, je l’ai entendue, je me demande où elle est allée à une heure pareille.

- Elle a oublié  de fermer la porte du bureau peut-être.

- Tu devrais aller voir à l’usine, elle va peut-être mettre le feu encore une fois au silo à sciure, ou à la maison, c’est pour cela qu’elle était trop gentille, elle préparait un mauvais coup.

Sylvette me transmettait sa frayeur, et si la taupe voulait se débarrasser de nous trois, je m’habillais, descendais et sortais par une porte-fenêtre. La lune brillait dans un ciel blafard, aucun bruit si ce n’est le cri répétitif d’une chouette. Je contournais la demeure et me retrouvais devant la porte menant au jardin, elle était entrouverte, la taupe était certainement passée par là.

 - Alors, tu l’as vue ?

- Non, tu es sûre qu’elle est dehors ?

- Certaine, j’ai peur Fred, je peux rester avec toi, dans ta chambre, je dors sur le petit lit.

J’avais envie de l’inviter à dormir avec moi mais je résistais à cette tentation, elle s’était recroquevillée sur mon ancien lit que personne n’avait osé enlever, et puis la chambre est assez grande.

Une nuit difficile, au moindre bruit suspect je dressais l’oreille, plusieurs fois je me levais et jetais un œil à travers les lames des volets, ma cousine dormait comme une bienheureuse.

 

Je n’avais qu’une hâte en me réveillant, descendre à la cuisine.

Ma tante était là, comme d’habitude...non, pas tout à fait, alors que généralement elle était déjà habillée en ‘tenue de combat’, ce matin, elle avait encore sa robe de chambre, la rouge, mais sans odeur d’essence.

- Bien dormi Frédéric ?

 Voilà une question qu’elle ne posait jamais,  je devais halluciner, être encore plongé dans un rêve.

- Et toi ma tante ?

- Très bien merci, bon je vais m’habiller...tout de même.

Elle sortait de la cuisine et j’avais l’impression qu’elle chantonnait, sa fugue nocturne l’avait transformée. Comme Fernand, je trouvais une seule explication à cette sorte d’euphorie qui nimbait Odette Delanaud, elle avait passé la nuit dans le lit d’un homme, seul l’amour peut transformer une vilaine taupe en petite souris sympathique.

Marina dormait encore, il me fallait questionner Emilien.

- Je n’ai rien entendu, tu es sûr qu’elle était dehors ?

- Surveille là cette nuit.

- Tu vois ta tante dans les bras d’un mâle, impensable...quoique, un vilain emballage peut cacher un cadeau acceptable.

- A ton avis, qui pourrait-elle rejoindre ?

- A part moi, et je te jure qu’elle n’était pas dans mon plumard, le seul célibataire du coin, tu le connais.

- Ronron ?

- En douze ans de légion, je croyais avoir tout vu et bien non...ta tante avec Ronron...remarque c’est un beau gaillard le rouquin barbu, il est vaillant, seulement sur le plan des cuites il me bat...

 

Je profitais de la conversation pour demander à Emilien comment il vivait la nouvelle situation, Sylvette m’avait juré que le légionnaire gardait désormais ses mains dans les poches, qu’il ne se permettait plus aucunes privautés depuis qu’elle avait déménagé.

-Ca me fait plaisir qu’elle soit enfin considérée, c’est une bonne gamine, elle méritait mieux que d’être un jouet, tu vois ce que je veux dire.

 



18/06/2011
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