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Un été Ordinaire

Quelle drôle d’idée avait eu Barbara, d’accord la température avait fraîchi mais venir chez nous en pantalon...

- Je suis venue à bicyclette...

Je comprenais mieux et pardonnais...doublement... de dos et de profil, les rondeurs de ses fesses étaient parfaitement soulignées ; ce paysage vallonné et suggestif provoquait un désir encore plus intense que la vue de ses cuisses nues.

J’avais servi de guide à l’Anglaise, lui avais présenté fièrement "mon "usine, son passage avait provoqué des remous  dans les ateliers et à la scierie.

- Frédéric, tu veux raccompagner Barbara, elle ne connaît pas le chemin de traverse qui évite la grande côte.

L’impression que Marina me poussait dans les bras de sa nouvelle amie, peut-être une façon de m’offrir une compensation.

 

 Nous arrivions à proximité de la villa des Redman, le toit ardoisé se devinait derrière des arbres touffus, plusieurs fois j’avais tenté de poser ma main sur l’épaule de Barbara mais à chaque fois, elle avait donné un coup de pédale ou freiné.

- Merci, Frédéric et à bientôt.

J’étais proprement éconduit alors que j’estimais mériter un remerciement plus chaleureux.

- Je dois me dépêcher, je dois faire du pudding, Bill adore.

- Du quoi ?

J’avais parfaitement compris, mais la grande bouche de Barbara prononçant le mot pudding me rappelait celle de Marina et de son pirojki, une bouche plus sensuelle encore.

- Et toi tu aimes le pudding ?

- Oh oui !

Je venais de faire un beau mensonge, un court séjour en Angleterre m’avait dégoûté à tout jamais de cette mixture gluante aux couleurs factices.

- Il est rare qu’un petit Français apprécie notre cuisine.

- Non, seulement le...

- Seulement le pudding ? comme c’est curieux, alors je t’en apporterai la semaine prochaine, je dois revenir chez toi, Marina veut me montrer comment faire un canevas, il faudra que je m’occupe durant l’hiver prochain, il paraît qu’il est rude dans votre région.

 

J’avais beau penser fortement aux fesses de l’Anglaise, des relents de pudding me donnaient des nausées, je ne pouvais plus y échapper...tout de même, si j’ingurgite ce maudit dessert, il me faudra un agrément en échange. 

  

Marina guettait mon retour.

- Alors, le voyage s’est bien passé ?

- Oui, pourquoi, elle revient la semaine prochaine.

- Je sais, elle veut prendre des leçons de canevas.

- Elle va m’apporter du pudding.

- Du pudding ? et tu aimes cette cochonnerie ?

Déception, un mot Anglais sortant d’une bouche Slave n’a rien d’érotique, il me faudra patienter une semaine.

 

Depuis quelques jours, j’aimais  me promener du côté du jardin, dans la partie réservée aux fleurs, là où Sylvette trouvait son bonheur. Depuis son changement de statut, la demoiselle avait trouvé d’autres occupations, le soir elle lisait beaucoup, les cours de piano lui plaisaient et elle progressait ; dans la journée et par beau temps, ce sont les fleurs qui l’occupaient, en quelques semaines, elle avait transformée un endroit  où quelques arbustes décoratifs et une dizaine de rosiers végétaient en un lieu plaisant et embaumé. Emilien avait un peu honte.

- Douée la petite, à croire qu’elle est de mèche avec les plantes, moi je faisais ce que je pouvais, rien ne poussait comme il faut, les maladies et les bestioles étaient plus rapides que moi.

Elle était bien au milieu des fleurs, comme une rose encore en bouton, dans une petite robe choisie par Marina, une robe blanche un peu transparente.

- Tu me chatouilles Freddy, arrête s’il te plaît, ta tante pourrait nous voir.

J’abandonnais mon entreprise, sentant qu’un cran de plus dans l’échelle du profond désir qui montait en moi risquait de dépasser les limites permises, mais je sentais que d’ici peu j’allais craquer.

 

Depuis la disparition du chef de famille, la place en bout de table était inoccupée, je craignais qu’elle ne soit spoliée par ma tante mais non, bien au contraire, elle m’avait invité à m’y installer.

- Ce sera peut-être ta place un jour, tu peux commencer à t’habituer.

J’avais refusé, estimant que je me sentais mieux au milieu, à côté de Sylvette, en face de Marina ; une nouveauté, les repas se déroulaient dans le calme, j’avais l’impression que la hargne de la taupe s’était émoussée, ses réflexions étaient empreintes de bon sens, je trouvais cela curieux et  m’attendais chaque jour à un déferlement de méchancetés.

- Que nous sommes ridicules nous pauvres humains fragiles, nous vivons comme si nous étions immortels, un petit courant d’air, quelques virus, un petit choc et hop terminé, ce sont les insouciants qui ont raison, l’inconscience est la science des sages.

 

- Ta tante est devenue folle.

- Pourquoi Sylvette.

- Regarde ce qu’elle m’a donné, un beau bracelet en or.

C’était le bouquet, j’examinais le bijou, il me semblait en or véritable.

- Elle m’a dit qu’elle ne pouvait plus le mettre parce que ses poignets ont grossis.

De jour en jour, tante Odette changeait, à l’usine c’était moins sensible mais tout de même, Fernand s’en rendait compte.

- Ma parole, la taupe est amoureuse, jamais vu ainsi, ce doit être la mort de ton père qui l’a libérée.

Emilien était du même avis.

- Ces deux-là étaient prisonniers de leurs sacrés principes, ton père trouvait une porte de sortie avec sa manie d’empoisonner les gamines, ta tante se vengeait sur les gens de la maison et le personnel. 

 

- Qu’en pensez-vous ? si nous attaquions les travaux de remise en état de la cité, c’est devenu indispensable, nous pourrions commencer par le logement laissé vacant après le départ des Ramirez.

- Et Anna, et sa fille ?

- De l’avis unanime de la gente féminine de la Fontaine, mieux vaut éviter que de telles femmes se retrouvent au centre de la cité, ce serait la zizanie assurée au sein des ménages, comme dans cette société moderne, la situation se dégrade déjà à ce niveau, inutile de contribuer à accélérer le mouvement.

- Mais Félicia ?

- Elle suivra l’exemple de sa chère maman, c’est triste mais c’est ainsi.

Marina confirmait, cette nouvelle me peinait.

- L’argent facile que veux-tu, chacun ou chacune mène sa vie comme bon lui semble.

- Ensuite Ronron s’installerait dans le logement rénové et c’est le sien que nous retaperions.

- Ronron, pourquoi lui ?

- Parce qu’il est célibataire et cela ferait moins de tintouin...dites-moi Marina, êtes-vous toujours disposée à mettre une partie de vos économies dans l’affaire ?

- Oui bien entendu, et où en êtes-vous avec  monsieur de Lauracourt ?

- Ne parlons plus de ce monsieur s’il-vous-plaît, je lui d’ailleurs signifié que nous cessions toutes relations, ne me demandez pas les raisons, elles sont personnelles.

Nous étions surpris mais Marina obtenait rapidement des explications concernant ce revirement.

- Par l’intermédiaire de Véronique, ta tante a pris contact avec des personnes au courant des agissements de son futur associé pendant la guerre, sa réaction est conforme a ce que nous espérions.

- Mais alors la femme du garagiste...

- Véronique est une bavarde, pour une fois, ses bavardages ont été utiles.


16/06/2011
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