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Le dessous des cartes

Je reçois Adèle dans mon bureau.

 

-Ca a bien changé !

-Vous connaissiez notre maison ?

-Surtout un journaliste, c’était il y a belle lurette, mais il était trop volage, j’ai épousé son frère figurez-vous…Jacky était soucieux ces temps derniers,  comme je vous le disais, sa hantise c’était qu’en cas de malheur, Ludivine s’installe dans son bureau, cela devenait une obsession, je lui avais conseillé de voir son notaire, de faire un testament.

-Et il l’a fait ?

-J’ai bien peur que non, seulement il l’a dit à d’autres et c’est peut-être venu aux oreilles de Ludivine.

-Attendez, vous êtes en train d’accuser Ludivine d’avoir fait assassiner son ex-mari !

-Vous être terrible ! Et bien oui, qui d’autre avait intérêt à ce que Jacky disparaisse ?

-Un concurrent, un créancier, sans compter un mari jaloux, une femme bafouée, un élu menacé…

-Alors il serait mort depuis longtemps  et vingt fois, et puis…

-Vous avez autre chose à m’avouer.

-On ne peut rien vous cacher, mais surtout ne parlez pas de moi à la police, vous me le promettez ?

-Si c’est un fait qui peut mettre la PJ sur la piste du ou des criminels, je ne peux faire autrement.

-Vous n’êtes pas obligé de dire que cela vient de moi, je sais, mon ex-ami disait que les journalistes ne sont pas tenus à dévoiler leurs sources.

-Sauf cas exceptionnel.

-Bon, je me lance, Jacky voulait faire subir un test de paternité à Sébastien, il avait des doutes, il s’était renseigné sur les modalités à accomplir, il a des amis dans le milieu médical.

-Et vous étiez dans la confidence ?

-Je vous l’ai dit, il me considérait un peu comme sa maman.

-Il lui fallait contacter Ludivine.

-Alors, vous pensez que ce n’est pas un motif suffisant pour une femme telle que Ludivine de commettre un crime ?

-Un test négatif et votre patron pouvait déshériter Sébastien sans état d’âme.

-Exactement, alors c’est promis, je ne vous ai rien dit !

 

Le commissaire Simon me regarde par-dessus ses lunettes, il fait la grimace. Je le comprends, combien de citoyens restent silencieux devant la police et la justice, craignant des suites contraignantes.

-Je respecte votre discrétion mais j’espère que votre informateur ne nous embarque pas sur une fausse route…Nous allons vérifier si Vernet s’était renseigné, cela ne va pas être facile, nous entrons dans le domaine du secret médical.

 

Cette fois le message arrivé par courriel était signé, mais rien qu’en voyant l’adresse e.mail, « adelabrest », je savais qui était l’auteur.

Adèle Le Bihan avait oublié une chose importante, elle sollicite un nouveau rendez-vous.

-C’est vrai, je voulais vous parler de son père, depuis le divorce de ses parents, il ne l’avait plus revu, puis il y a un peu plus de deux ans, il a appris qu’il était mort à Toulouse, j’ignore comment. Il est allé à Toulouse pour essayer de retrouver ses traces, la seconde femme de son père était décédée depuis plusieurs années. Huit jours après son retour, il nous présentait Sophie et l’installait au secrétariat, nous pensions qu’il avait fait la connaissance de cette jeune fille lors de son voyage dans le Sud-ouest mais non, elle résidait dans la région parisienne.

-Elle était étudiante je crois ?

-A l’université, des études de droit commercial… nous étions persuadés que c’était sa nouvelle petite amie mais jamais il n’a eu avec elle, les gestes, les paroles qu’il avait avec les secrétaires précédentes, toujours courtois, j’ai l’intuition que les liens qui les unissaient étaient des liens de sang.

-Comme un père et une fille ?

-C’est exactement ça.

-Mado pense comme moi.

Je sais, la dame de l’accueil m’avait dit, parfois je la compare à Guy. Evidemment, une telle situation changerait bien des choses, et si Ludivine l’avait appris, un motif supplémentaire pour supprimer son ex-mari. L’attitude du promoteur avec sa nouvelle secrétaire, son changement de vie, devenant presque casanier, ses visites rue de Verdun… et l’émotion difficilement dissimulée de Sophie quand elle évoque son patron…Aborder la demoiselle de front n’est pas la solution, il faut que je trouve un moyen pour l’approcher ailleurs que dans son bureau.

-Je voulais vous dire aussi, hier je suis allée sur la tombe de Jacky, après l’orage de la nuit, j’ai pensé que de pots de fleurs avaient été culbutés, cela arrive souvent dans le cimetière du Coteau, il est exposé au vent, en effet quand je suis arrivée, alors que sur les tombes voisines c’était le cas, celle de Jacky avait été épargnée, ou plutôt, quelqu’un était passé avant moi pour remettre de l’ordre, j’ai demandé au gardien s’il avait vu la personne, il m’a dit qu’en effet une jeune dame était venue de bon matin, d’après sa description, il se pourrait que ce soit Sophie.

-Elle a eu le même reflexe que vous.

-C’est possible.



01/08/2012
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