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Martine est choquée.

-Ton métier devient dangereux, ce n’est pas grave pour la voiture, c’est réparable, mais si tu avais pris un mauvais coup, laisse tomber.

Elle sait parfaitement que je ne lâche jamais une affaire en cours, d’autant plus qu’il s’agit éventuellement de réhabiliter la mémoire d’un innocent et de condamner un ou plusieurs coupables.

Maître Sophie Lagnier avait accepté d’étudier le dossier Vallon, seulement elle manquait d’éléments, les conclusions de notre reconstitution étaient inexploitables, par contre le témoignage d’Hervé Bouchard pourrait être le grain de sable bloquant le classement.

-Reste à savoir si ce garçon est prêt à répéter ce qu’il vous a dit devant un homme de loi ? L’agression dont vous avez victime est intéressante, enfin vous me comprenez, si votre plainte suit son cours, il faudra bien que l’agresseur donne des explications sur sa rage de détruire, c’est probablement lui l’auteur des ennuis subis par Sylvain.

Quand Sylvain Vallon parle de l’avocate, il n’emploie que le prénom, idem à l’inverse, bien l’impression que ces deux jeunes gens s’apprécien.

Monsieur Magnien se frotte les mains, la vente de notre quotidien a sérieusement augmenté à St Jean.

-Les moutons commencent à comprendre qu’ils sont dominés par une poignée de loups…Autre chose, le fils d’un ami fait une école de journalisme, il aimerait faire un stage dans notre journal, pourrais-tu te charger de lui comme tu l’as déjà fait plusieurs fois, il n’est pas connu à St Jean, il peut être un excellent auxiliaire pour toi.

-Vous allez envoyer le fils d’un ami au front !

-Tu le brieferas afin qu’il évite les ennuis, je te fais confiance.

Laurent, une dame voudrait te parler, une certaine Madeleine Klein.

La standardiste me passe madame Klein.

-Je profite de l’absence de mon mari, il est chez le docteur, des problèmes de circulation sanguine, je voulais vous dire, le fameux soir, je suis sortie juste après mon feuilleton à la télé pour sortir la poubelle au bord de la rue, les jeunes étaient dans la maison Thomas et j’ai entendu des éclats de voix, ils se disputaient, j’ai écouté, un garçon criait, « on t’aura salope », puis des bruits de quelqu’un qui courait dans la rue et une voiture a démarré à toute vitesse.

-C’était à quelle heure ?

-Après mon feuilleton sur la 3, vers huit heures et demie.

-Karine a été agressée plus tard !

-Je sais mais le bruit de voiture, je l’ai encore entendu, j’étais couchée, le même, j’en suis certaine, c’est ce qui m’a étonnée, vous savez comme une voiture de course, dans notre quartier c’est plutôt rare.

Voilà une pièce supplémentaire à ajouter au dossier, mais si madame Klein avait fait cette déclaration à chaud, l’enquête aurait été différente je pense, mais elle n’aurait pas empêché l’exécution de Jacques Vallon, un coup monté disait la brave dame.

Elle a bien dit ON t’aura, celui qui a crié cette phrase n’était pas seul.

Je suis convoqué à la gendarmerie de St Jean pour identifier mon agresseur, bien entendu je reconnais le gros, même sans son chapeau, il est affaissé sur la chaise, il a perdu son arrogance. Les deux personnes qui se trouvaient devant le garage et avaient assisté à la scène, un représentant et un client l’avaient déjà reconnu.

Pour sa défense, il a trouvé une idée originale, il s’est trompé de cible, il m’a pris pour un trafiquant de drogue.

-Vous aviez une raison personnelle pour agresser ce trafiquant.

-Oui, il fournit du kif à mon neveu.

Coup de théâtre, il me fait des excuses et propose de m’indemniser.

Je refuse, la plainte va suivre son cours.

Louis Bourlon, c’est le nom du gros, est libre mais il doit se tenir à la disposition de la justice, il sort non sans me jeter un regard mauvais.

L’adjudant-chef me retient.

-Il va être surveillé de près et j’espère que le tribunal va le condamner, concernant l’affaire qui vous intéresse et après la parution de votre dernier article qui laisse entendre qu’elle pourrait en quelque sorte rebondir, ma hiérarchie a réagit et mon capitaine désire vous rencontrer.