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Un conte de Noël

-Dépêche-toi Christophe, tu vas être en retard pour la messe de minuit.

-Tu ne viens pas avec moi maman ?

-Non, pas cette année, j’ai mal à la cheville et, avec la neige ce serait pénible, tu prieras pour moi et pour ton papa surtout.

Le jeune garçon était sceptique, il croyait au Bon Dieu mais pas aux miracles, depuis deux mois, plus aucune nouvelle de son papa prisonnier en Allemagne. Dans sa dernière lettre, il écrivait qu’il allait changer de secteur, quitter la ferme dans laquelle il travaillait pour une usine d’armement.

Le vent était glacial, après les chutes de neige, les grands froids s’étaient installés, le village était figé.

Peu de monde dans les rues, cette année, la messe de minuit sera peu fréquentée.

-Attends-moi Christophe.

Julien sortait de chez lui, il habitait au pied de la côte qui monte vers l’église.

-Alors, tu vas réveillonner ?

-Réveillonner ? Mon papa est en Allemagne et mes grands-parents ne viennent pas cette année, et toi ?

-Ma mère prépare à manger, ma grande sœur et son mari sont déjà montés à l’église, il y a aura de la dinde et j’aurai des cadeaux.

Christophe n’attendait pas de cadeaux, ce jour de Noël était encore plus triste que les autres, il imaginait sa maman pleurant seule, elle se cachait toujours pour pleurer.

Les chants de Noël résonnaient sous la voute de la petite église, Christophe reprenait les refrains, le regard fixé sur le grand crucifix placé au fond du chœur.

« Jésus faites que mon papa nous donne bien vite de ses nouvelles »

Christophe était surpris, la lumière filtrait à travers les volets de la cuisine.

« Maman n’est pas dans le petit salon ? Elle a peut-être préparé un réveillon ?

-Déjà, je t’attendais plus tard, le curé était pressé !

Du bruit dans la salle de bain…

-Oui, c’est bien moi mon garçon, tu en fais une tête, tu n’es pas content de me voir !

Christophe se précipitait dans les bras de son papa.

-Je voulais être présentable avant ton retour, huit jours sans pouvoir me raser.

-Tu es libéré ?

-Je me suis libéré.