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Minette

Minette

Le souffle que je sentais sur ma nuque était doux et chaud, d’où venait cette brise aussi légère que le duvet ? Les portes et les fenêtres étaient fermées, la grande cheminée est bouchée depuis l’hiver dernier. J’étais là devant ma page blanche, vide d’écriture, page immaculée comme une jeune mariée d’antan, nue comme Eve au paradis. J’attendais l’inspiration, l’étincelle qui mettrait le feu à mon imagination. Muse, ô ! Ma muse pourquoi m’abandonnes-tu ce soir de printemps ? Je fixais la rose cueillie ce matin, rouge aux reflets grenats, elle était en bouton quand je l’avais séparée du rosier, elle est épanouie à présent. C’est beau une fleur, celui qui a créé les fleurs est un artiste… et ce parfum…mais un autre parfum venait chatouiller mon nez délicat…jasmin, réséda, les deux à la fois. Je n’osais me retourner, le souffle se faisait plus pressant, le parfum plus intense. Tout à coup, mes doigts couraient sur les touches, comme mus par une force invisible, les lettres s’alignaient, les mots s’installaient, les vers se traçaient…un poème où une belle dame aux cheveux de soie et aux jambes nacrées quittait son manteau de pluie et venait s’asseoir à ma gauche, sur le pouf jaune que Minette avait délaissé.

<Je ne vous dérange pas ?

Elle était là, ma belle voyageuse, elle me souriait, ses yeux avaient des nuances d’émeraude,  sa poitrine à peine voilée se soulevait régulièrement.

Mes mains quittaient le clavier mais il continuait à s’animer, les lettres, les mots, les phrases, les strophes se succédaient, je n’arrivais pas à suivre en lisant, c’était trop rapide...Puis une main aux doigts longs et fins effleurait deux touches, un point ponctuait la dernière ligne, le dernier mot.

<Et voilà !>

Minette ronronnait sous mes caresses, ses yeux verts me regardaient malicieusement.

 

C.C.

 

  

 



28/02/2009
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