Motsetphotos

Motsetphotos

Les yeux de la lune

Le non respect de la loi allait causer un préjudice à Edouard et Simone, alors que je rôdais dans les environs de la gare, je voyais arriver deux gendarmes à vélo, les pandores étaient casqués et portaient un fusil en bandoulière. Leur présence dans cet équipage m’intriguait et, les voyant se diriger vers la ferme, je les suivais.

- Christophe, va chercher Edouard, il coupe du bois au bord de la rivière.

Ma tante hurlait par la fenêtre, je n’avais pas le temps de lui demander les raisons  de la visite des gendarmes et surtout de son affolement.

Edouard lâchait la hache et nous remontions. En arrivant devant le portail, un bruit de moteur nous parvenait, suivi d’un camion. Le véhicule nous passait sous le nez et s’immobilisait devant l’étable.

- C’est Abel, le marchand de vaches, j’ai pas demandé qu’il passe, on n’a pas de bête à vendre, il se trompe de porte.

Quand un paysan avait une vache ou un veau à vendre, les marchands de bestiaux venaient tout d’abord en voiture, après bien des palabres et des palpations de l’animal, un prix était fixé. La somme était immédiatement versée, le maquignon sortait une liasse de billets qu’il déposait sur la table.

La présence des gendarmes et du marchand de vaches s’expliquaient. Les fermiers n’avaient pas livré suffisamment de lait à la fromagerie, comparativement à leur cheptel. Ils étaient condamnés à livrer une vache à l’Etat.

- Vous avez le choix monsieur Develde, nous avons l’ordre de saisir un animal, sans autres indications.

L’un des gendarmes, probablement le fils d’un éleveur braquait son regard vers une vachette maigrichonne, une pauvre bête qui, toute jeune avait été saillie par un taureau en goguette. La pauvre bête avait eu un veau mort-né et son développement avait été stoppé, elle ne donnait pas de lait et n’avait pas une grande valeur marchande.

Un peu moins de regret pour les époux Develde en voyant partir l’animal mais grand-père était dans une colère noire.

- C’est une question de principe, je me demande si les boches auraient agi ainsi.

- Les boches  vous ont réquisitionné des chevaux ?

La réplique de monsieur Abel coupait court à d’autres vociférations, en effet, coup de chance ou oubli, alors que l’occupant avait saisis plusieurs chevaux dans le village, « notre » ferme avait échappé à cette ponction.


17/09/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 10 autres membres