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Une première explosion semblait lointaine.

- Ce doit être à la barrière de Marois.

Nous dominions le village dont seul une partie était visible, le quartier de la gare était masqué par un petit bois.

Une deuxième explosion était plus proche, elle était suivie d’une troisième déflagration assourdissante.

- Ils ont mis un paquet de dynamite ces salauds.

L’affolement de chevaux dans un pré voisin était surprenant, était-ce le bruit ?

La réponse arrivait sous forme d’un sifflement, un objet arrivait vers nous, rebondissait sur la terre et s’immobilisait.

- Ne touche malheureux, il doit être brûlant.

Un morceau de rail, d’environ vingt centimètres de long, venait d’atterrir à quelques mètres de nous.

Nos lessiveuses n’étaient à peine pleines mais, sagement, grand-père décidait d’abandonner ce secteur dangereux et de se mettre hors de portée des projectiles.

Derrière une butte, plusieurs personnes s’étonnaient de notre présence.

- Ils ont mis des charges énormes sous le pont du chemin de fer, ça va faire un sacré boucan, des maisons risquent de s’écrouler.

J’espérais maman à l’abri dans la cave de Mathilde...une lueur intense montait de la vallée, suivait un jaillissement d’objets de formes diverses puis une terrible explosion...

Nous avions les yeux rivés sur un petit nuage de fumée et de poussière qui doucement montait dans un ciel dégagé.

- Je vous l’avais dit, une charge terrible, le vitrier va avoir du boulot, je suis certain qu’il n’y a plus un carreau entier dans la rue Basse.

Je pensais à notre maison, à la fenêtre de ma chambre.

- Ta mère avait probablement ouvert les fenêtres, c’est le meilleur moyen pour éviter la casse.

Grand-père voulait être rassurant.

- Je descends...

- Attends encore, ce n’est peut-être pas terminé.

Je n’entendais plus grand-père, je filais vers la maison Richard.