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Les yeux de la lune

C’est à la boulangerie que j’apprenais qu’un autre drame s’était abattu sur le village, dans la nuit, la maison « bleue » avait été incendiée par les boches, on était sans nouvelle de madame Gaudron.

- Certains disent qu’elle est restée dans le brasier, les pompiers n’ont pas encore réussi à s’en assurer.

Avant de rentrer à la maison, j’allais voir Edouard, mon oncle me tapait sur l’épaule amicalement mais ses coups appuyés me déséquilibraient.

- On a pris un bon bain hier...t’as fais comme moi ? je me suis saoulé la gueule en rentrant, vlà seulement que j’émerge, ta tante n’a rien dit pour une fois...sois tranquille, je crois savoir que madame Gaudron avait rejoint le maquis avant la flambée...je vais au parc tout à l’heure, j’aurai des nouvelles fraîches...la libération approche, il serait temps...alors tu consoles les femmes d’officier maintenant ? remarque elle vaut le coup la dame Richard, si j’avais ton âge, j’en ferais autant...Pierre-Louis aura peut-être une petite sœur, dans sept mois, chez les  Develde, les Anglais n’ont pas débarqué...

Les branches du laurier étaient vite coupées, alors que Nanou et ses petites copines jouaient sous la véranda, sa mère s’abandonnait dans les bras d’un jeune homme.

- Qui sait si nous serons encore de ce monde dans quelques jours, j’ai peur de la libération, et ces avions qui chaque nuit passent au-dessus de nos têtes, l’un d’eux pourrait s’écraser sur nous.

Je comprenais Mathilde, elle se trouvait des excuses, je partageais ses craintes, particulièrement au sujet des forteresses volantes qui, presque chaque soir passaient au-dessus de Brécourt. Un lointain ronronnement se faisait entendre, puis le bruit s’amplifiait, approchait pour devenir intense, chaque vague faisait trembler les vitres puis les vrombissements s’éloignaient. J’étais partagé entre deux sentiments contraires en entendant ce vacarme, la joie de savoir que les villes d’Allemagne allaient être anéanties mais je pensais également aux  civils qui subissaient un déluge de feu et d’acier, aux malheureuses victimes, femmes et enfants.

- Et nos hommes qui travaillent dans les usines d’armement...   

Après cette phrase, Mathilde me poussait gentiment vers la sortie, ses regrets étaient tardifs et je souhaitais qu’ils ne soient que passagers.



22/07/2013
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