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Les yeux de la lune

Il était à peine six heures du matin quand grand-père venait nous rendre visite, il me sortait d’un affreux cauchemar dans lequel j’étais prisonnier des flammes alors que les yeux de la lune pleuraient.

- Vous nous avez fait peur, quelle histoire...j’ai un bonjour à vous donner, de la part d’un Allemand...

- D’un Allemand, nous n’avons aucun rapport avec ces indésirables.

- Il fut un temps oui...

- Kurt ? monsieur Wagner ?

- Le capitaine qui commandait un second groupe de soldats hier, Lothar Wagner, un fils de l’ancien chef de culture...un sacré coup de chance, c’est monsieur Mazuaud qui m’a appris ça, on comprend mieux leur mansuétude...je vous le disais qu’il y a des braves gens de l’autre côté...comme il y a des salauds du nôtre...quand aux deux imbéciles qui ont tiré sur la façade du boche l’autre nuit, on sait qui c’est, ce sont les frères Mouclin, de la ferme des Barrettes, tout ça à cause d’une rangée de betteraves abîmée par un camion transportant des choux...la réaction primaire de ces vieux cons a provoqué un drame, ils sont responsables de la mort de Gaston et de René.

                                                            

La visite de Mathilde Richard semblait ne pas surprendre maman, j’étais dans ma salle de bains quand elle sonnait à la porte,  j’avais reconnu  sa voix cristalline.

- Je voulais avoir des nouvelles de votre fils, Nanou et moi avons eu une telle frayeur.

- Il va bien, entrez madame, vous boirez bien un café, un vrai.

Je tardais à descendre, les deux dames avaient beaucoup de choses à se raconter, depuis que Mathilde avait pénétré dans la maison, je ne saisissais plus que des bribes de la conversation mais j’étais souvent cité.

- Christophe, tu en mets du temps, une dame voudrait te voir.

Maman criait dans la cage d’escalier.

J’étais mal à l’aise devant Mathilde, maman avait un petit sourire ironique en me voyant ainsi.

- Alors, tu as des talents cachés ?...j’ignorais que tu étais expert...en taillage de haies.

Je sentais mon visage s’empourprer, je respirais fortement pour éviter le ridicule, il paraît que c’est un bon moyen pour calmer ses émotions.

- J’avais oublié de vous montrer un laurier exubérant qui me cache la lumière dans une pièce du sous-sol, quelques branches à couper, quand vous aurez le temps.

- Il peut y aller aujourd’hui je pense.

Je promettais de monter.

- Nanou a trouvé deux amies, des petits voisines, elles passent leur journée à jouer au nain jaune sous la véranda, elle est heureuse.



18/07/2013
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