Les yeux de la lune
- Tu ne manges pas, la purée n'est pas bonne ?
J'avais un noeud sur l'estomac, Pierrot aux mains des boches...et les deux salopards en noir, grand-père avait parlé de miliciens, de Français à la botte de l'occupant.
- Quel est ton problème, raconte, une histoire de filles ?
Si seulement maman disait vrai, depuis ce matin, j'avais basculé dans un autre monde, j'étais encore dans le doux cocon de l'enfance et je me retrouvais plongé dans un univers pitoyable et impitoyable. Comment une créature de Dieu comme répétait le curé, comment un homme peut devenir un monstre, le démon existe donc...il faut supprimer ces possédés, dommage que je n'ai pas mis quelques grenades de côté...
Simone était mécontente, voir son Edouard s'impliquer dans des histoires dangereuses lui faisait peur.
- C'est de ta faute Christophe, tu vois où peuvent mener des bêtises de gosse, si il arrive malheur à mon Edouard, au père de mon fils...
Grand-père au contraire semblait satisfait de voir son gendre s'impliquer un peu dans cette guerre qui jusque maintenant l'indifférait
Nous guettions le retour d'Edouard, à peine était-il descendu de son vélo que nous l'assaillions.
- J'ai vu le chef, il a peur qu'une taupe se soit glissé dans son équipe...Ils vont déménager, quitter le secteur, si le pauvre Pierrot parle...ils sont bien ces types, ils ont des couilles au cul ...pardon Simone mais je ne vois comment dire autrement...pour Pierrot, le chef a envoyé un de ses hommes à Verdun pour prendre contact avec une femme de ménage qui travaille à la Kommandantur, elle saura ce que le pauvre garçon est devenu...une femme qui elle aussi à des ...
- Bon assez d'insanités pour aujourd'hui...tu vois que les femmes aussi résistent...si je pouvais me rendre utile moi aussi.
Edouard regardait sa femme d'un drôle d'air.
- Occupe-toi de notre petit, c'est une mission importante, chacun à sa place.
- Que risque Pierrot ? les maquisards devraient le délivrer ?
- Ne sois pas ridicule Christophe, que peuvent une vingtaine de gars contre des soldats bien armés, même avec vos putains de grenades...
Je ne voulais pas quitter la ferme, si par bonheur Pierrot revenait dans la nuit. Maman, prévenue avait à peine protesté, je lui avais parlé de Michel, de l'admiration d'Edouard pour les maquisards, elle avait pris un air détaché qui ne correspondait certainement pas à ses pensées.
Je dormais profondément sur le canapé quand grand-père me secouait.
- Viens voir, un monsieur que tu connais voudrait te voir.
Michel Desforges était dans la cuisine en compagnie d'Edouard.
- Tu dois nous dire où étaient planquées les grenades, il faut les remettre en place et faire prévenir les boches, c'est le seul moyen de sauver ton copain, en souhaitant qu'il ait tenu le coup, qu'il n'a pas parlé de nous.
Je me proposais comme guide mais Edouard était impératif.
- Je sais où est située cette citerne j'y vais.
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