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Les yeux de la lune

Monsieur Mazuaud était dubitatif.

- Dire que votre maman va habiter ici ? je me demande s’ils vont nous croire, ils deviennent de plus en plus…envahissants, je crois que je vais abandonner ce fauteuil, et puis avec ce gouvernement fantoche.

J’avais accompagné maman à la mairie, le maire fixait du regard le portait du maréchal Pétain accroché sur un pan de mur.

- Que pense Louis Martin du maréchal ? c’était notre chef durant la grande guerre.

Les rares paroles de grand-père concernant Pétain étaient plutôt acerbes, il le traitait de vieux radoteur, de pantin manipulé, monsieur Mazuaud avait probablement les mêmes sentiments mais il ne pouvait les exprimer.

- Comptez sur moi pour défendre votre cause.

 

- Yvette et son mari vont revenir habiter au village, tante Félicie vient de me le dire.

Simone était émue, grand-père et moi comprenions son émotion, Edouard était interrogatif.

- Samuel, le mari d’Yvette...il est juif, ils ne veulent par rester à Paris, ils seront plus en sécurité ici.

Les paroles de Kurt me revenaient à l’esprit, c’était donc vrai, Hitler et ses sbires pourchassaient  les juifs.

- Samuel, un brave homme... grand-père secouait la tête.

Chaque année, pour la St Martin, le couple revenait au village, les mauvaises langues disaient que Samuel avait les doigts crochus et que cette visite annuelle était intéressée. <Il vient encaisser les fermages, peur que Félicie oublie>. Nous avions une autre explication, cette date était l’anniversaire du décès de l’oncle Albert et ma cousine adorait son père.

- Samuel va travailler à la scierie, le comptable  prend sa retraite, ça tombe bien.

- Alors les Vernet vont faire une bonne opération, c’est le cas de le dire...Grand-père était en forme.

 

 

Malgré la discrétion de Kurt, son absence se remarquait et maman était un peu perdue chaque matin à l’heure où habituellement elle montait à l’étage faire le ménage.

- Il faut tout de même que j’aère quand il y a du soleil…j’ai pensé à une chose, si tu y installais ta chambre, ainsi tu aurais une salle de bains pour toi seul, en bas, nous aménagerions une bibliothèque, avec le début de ta collection et les livres de ton père qui sont entassés dans une armoire.

Le fait de monter ne me plaisait qu’à moitié mais à l’idée de voir les livres de papa à portée de la main alors qu’ils étaient sous clé depuis toujours excitait ma curiosité, j’avais furtivement entrevu quelques titres de bouquins au dos rouge sang et j’étais persuadé que leur mise en quarantaine découlait de leur contenu, les arguments de maman ne m’avaient jamais convaincus.

- Ils sont richement reliés, tu comprends, tu es encore un peu souillon.

 



20/04/2013
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