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- Cette église est une vraie glacière, de quoi attraper la mort.

Nous revenions de la grand’messe de Noël, heureux de pouvoir nous réchauffer.

L’allemand nous attendait dehors, il avait une mine froissée, la nuit blanche et le Champagne étaient à coup sûr responsables de cet état.

- Moi penser madame Martin, vous dire que votre maman habiter en haut.

- Maman ? tant qu’elle est valide, elle ne voudra jamais quitter son village et sa maison.

- Non, mais dire comme ça, pour pas réquisition.

Cette idée nous paraissait intéressante.

- Je vais le dire à monsieur Mazuaud, vous avez raison, merci…mais rentrons voulez-vous.

- Il a réussi, merci mon Dieu…le jour de ton anniversaire, qu’elle coïncidence.

Le message tant attendu venait d’être diffusé, répété deux fois de suite « Les œufs au bacon ont remplacé l’omelette au jambon »

- C’est tout de même moins bon, les Anglais mangent mal… que je suis heureuse.

Maman ne dissimulait pas sa joie, une telle réaction n’était pas provoquée uniquement par un sentiment patriotique, le passage de Michel Desforges avait laissé des traces.

Maurice avait également entendu le message, alors que j’allais à la ferme, il m’avait intercepté pour me le dire.

- Tout de même quelques Français courageux, il en faudra beaucoup pour nous libérer des teutons…alors, le vôtre retourne dans son pays, il va retrouver sa Bavière et la bière, on sait ce qu’on perd... paraît que le prochain ne sera pas aussi conciliant.

Les premiers pas de Pierre-Louis avaient été un événement, chacun s’accordait à dire que le bambin était précoce et je devais me ranger à cette opinion sous peine de fâcher Simone et Edouard.

Kurt préparait son départ et je l’aidais à ranger ses livres dans les cartons.

- Pas Jules Verne, lui rester ici, pour toi.

Je retenais mon élan mais j’avais une folle envie d’embrasser le donateur.

Le dernier soir il avait apporté une bouteille de Champagne.

- Nous aurions dû inviter mademoiselle Lonny.

- Moi dit adieu à elle… madame Martin, vous protéger Isabelle…elle juive.

Encore une surprise de taille, nous ignorions la confession de l’institutrice, nous pensions qu’elle était également protestante, les révélations de Kurt nous troublaient.

- Hitler très mauvais avec juifs…

Nous savions que le régime nazi persécutait les juifs, Kurt nous apprenait que c’était plus qu’une persécution.

- Eux mourir dans camps…terrible…honte à mon peuple.

Une autre surprise nous attendait, cette fois elle était heureuse.

- Il marche très bien....pour écouter radio-Londres.

L’Allemand nous faisait cadeau de son poste de radio, un modèle récent qu’immédiatement nous mettions en service, Kurt  réglait lui-même la fréquence sur la BBC et nous avions effectivement une meilleure réception.

- Vous étiez au courant... maman était étonnée.

- Moi entendre souvent la musique pom pom pom pom d’en haut…