Motsetphotos

Motsetphotos

L'araignée rouge

Jean Leguen est encore en activité, effectivement, il termine l’année et déménage à Viramont, je me suis présenté, lui apprenant que je fais des recherches afin de savoir ce qui s’est réellement passé à l’écluse.

-Bon courage, j’ai hâte de partir d’ici, mon épouse aussi, le climat est plus agréable de l’autre côté, et puis ce port va être fermé, il est en léthargie.

-Le bateau de Jacques Vallon, c’est lequel ?

-Vous voulez le voir, tout au bout, c’est la Marie-Jeanne, avec un nom comme ça il aurait dû être accepté par les gens d’ici, mais ce sont des sauvages.

Peu de bateaux dans la petite rade, quelques rafiots visiblement fatigués, par contre la Marie-Jeanne est encore présentable.

-Un bon nettoyage de la coque et quelques réparations, elle pourra naviguer, le fils a cette intention, mais a-t-il les moyens de payer la note ?

-Vous l’avez vidé, monsieur Vallon avait chargé du matériel avant d’appareiller ?

-D’autres s’en sont chargés, voyez notre protection, un malheureux grillage de jardin, même certains appareils et accessoires disparaissent, bientôt ils vont désosser les bateaux.

-Jacques Vallon vous avait averti qu’il allait appareiller, je suppose, je ne me souviens pas de votre témoignage.

-Encore un coup du sort, j’étais en mer, comme chaque été au mois d’août et septembre.

-Vous aviez un remplaçant ?

-Oui, mais c’est le genre de bonhomme qui fuit ses responsabilités, d’ailleurs je l’ai viré dès mon retour, il n’avait noté aucun mouvement durant mon absence alors qu’en plus de Jacques, un autre propriétaire avait appareillé.

-Vous avez son adresse ?

-Il habite ici, faubourg des Planchettes, n° 8, Alex Marchand, si vous voulez le voir, c’est avant midi, car après il est…impraticable.

Je n’ai plus le temps de rencontrer cet Alex, la prochaine fois.

Avant de quitter St Jean, j’achète une boite de jeannettes, délicieux bonbons au miel, spécialité de la ville, c’est l’un des rares points positifs de la ville.

En rangeant la boite de bonbons dans le vide-poche, je constate que la marque stylisée du fabricant représente un insecte ressemblant plus à une araignée qu’à une abeille, et rouge de surcroit !

 

-Comment se présente notre affaire, je sais que tu as fait un tour chez nos chers voisins, tu n’as pas eu de problème ?

Monsieur Magnien tient à rendre service au professeur de français de son rejeton, quelques leçons supplémentaires seraient les bienvenues, pour un futur patron de presse, même de presse régionale, l’orthographe est capitale.

Je lui soumets mon idée de reconstitution.

-C’est génial, tu crois que le bateau de Jacques Vallon est en état de naviguer ?

Je lui parle de ma visite au port.

-Pour faire quelques centaines de mètres, il devrait tenir.

-Tu connais un marin capable de le piloter.

-C’est possible.

Je pense à Jean Leguen.

-Si nous démontrons que le coup de feu pouvait partir de la gauche, l’enquête sera relancée, du moins je l’espère, tu prends contact avec Sylvain Vallon ?

Son appartement est situé dans mon quartier, je l’appelle, il est d’accord pour me recevoir.

-Il ne faut rien négliger et cette idée va dans le sens des conseils de maître Lagnier, elle me suggérait de trouver un élément nouveau qui pourrait bloquer l’abandon de l’enquête.

-Vous l’avez rencontrée, qu’en pensez-vous ?

-Notre affaire l’intéresse, si nous réussissons, elle aura des retombées favorables, et nous allons réussir.

 

Jean Leguen est d’accord pour barrer la Marie-Jeanne.

-Seulement il faut avoir tous les paramètres, savoir quel était le niveau de l’eau il y a trois ans, il est variable suivant la pluviométrie et peut varier aussi suivant l’ouverture des écluses, normalement il devait naviguer à droite mais à distance de la berge, en approche d’une écluse il  peut navigue au centre, surtout avec le peu de circulation. Jacques était un marin confirmé, il respectait le règlement, autre chose, impossible de faire demi-tour sur canal, il faudra descendre jusqu’au port de Marcourt, tout de même quinze kilomètres, espérons que le bateau tiendra le coup.  

-Comment connaître le niveau de l’eau ce jour-là ?

-Les services de la navigation tiennent ces données, je vais me renseigner, je vais également contacter l’ancien éclusier, Albert Klein, nous avions de bonnes relations, il peut me donner des renseignements complémentaires.

Je n’imaginais pas que c’était aussi compliqué et mon enthousiasme s’émoussait un peu.

…………



24/12/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 10 autres membres