Les yeux de la lune
Je tournais en rond, un aller et retour à la gare demande une petite demi heure et maman était partie depuis plus d’une heure, que pouvait-elle faire avec ce type…non, la façon dont elle lui a répondu…quoique…et puis après tout, elle est libre, et je préfère qu’elle fréquente un militaire Français même défait qu’un civil Allemand même sympathique.
Je n’osais poser aucune question, elle avait un air tellement triste en rentrant.
- Il compte rejoindre le général De Gaulle à Londres, reprendre le combat, je me demande si cela en vaut la peine, quand on voit l’arsenal des boches …allez ouste au lit galopin .
- Toi qui es calé en matériel moderne, pourrais-tu me trouver Radio-Londres sur ce poste de radio ?
Cette question de maman ne me surprenait pas, depuis le passage de l’évadé, l’Angleterre était souvent évoquée à la maison.
A force de tâtonnements, je tombais sur une émission en Français qu’un brouillage déformait.
- C’est ça, j’ai déjà entendu ce genre de musique chez Marie.
Cette musique lancinante me rappelait un jouet, une sorte de petit moulin à café qui émettait des sons répétitifs qui énervaient Simone.
Chaque soir, nous avions l’oreille collée au poste, le signal indiquant le début de l’émission des « Français parlent aux Français » mettait maman en transes.
- Ecoute les messages.
Curieux ces messages, en tout cas ils étaient incompréhensibles.
- Seuls les initiés comprennent.
Cette insistance me poussait à poser la question qui me brûlait les lèvres.
- Ce Michel Desforges doit envoyer un message pour te faire savoir qu’il est bien arrivé chez les Anglais, je me trompe ?
Je ne m’attendais pas à ce baiser fougueux.
- Tu es un amour mon petit Christophe, un amour… « Les œufs au bacon ont remplacé l’omelette au jambon » voilà la phrase que j’attends, si tu l’entends…
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