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Les yeux de la lune

 - La voiture de Bernard est en panne, tu penses avec son gazogène.

C’est le boucher qui depuis des années me réceptionnait à la descente de l’autocar et  me ramenait à la maison, j’étais étonné de voir Edouard.

- Tu es motorisé ?

- La moto de François, Thérèse me l’a prêtée, pour l’empêcher de rouiller...la moto.

Thérèse, cette radine, confier la moto de son mari prisonnier, il faut croire que les relations entre elle et Edouard étaient exceptionnelles.

J’avais des odeurs de brillantine plein les narines, Edouard me parlait mais je ne saisissais que quelques mots.

C’est en arrivant à Brécourt que j’arrivais à faire certains recoupements, le tour de taille de ma tante avait changé.

- Un cousin ou une cousine, pour le mois de janvier, ou début février, Edouard ne te l’as pas dit ?

Par curiosité, j’accompagnais Edouard chez Thérèse Bordet. Cette femme dans la quarantaine était avenante et bien faite, j’avais quelques souvenirs d’elle, et particulièrement quand j’étais enfant de choeur et qu’elle venait recevoir la communion. Elle ouvrait une bouche gourmande, tirait sa petite langue rose pour accueillir l’hostie, les yeux mi-clos, mais à chaque fois elle jetait un  regard dans ma direction et je me sentais rougir.

- Mais c’est que tu es un homme à présent,  tu ressembles de plus en plus à Julien...c’était un beau gars, ton papa, toutes les filles lui couraient après, moi la première je l’avoue...viens me voir de temps en temps, je suis seule à présent, Edith est descendue dans le midi, chez ma sœur, elle va se marier l’an prochain, Edith, tu te rends compte je risque de devenir grand-mère.

- Une jeune et jolie grand-mère.

Je me demande qui m’avait poussé à prononcer de telles balivernes, mais j’étais récompensé par un baiser très...affectueux.

- La galanterie ne se perd pas chez les jeunes, et c’est tant mieux.

Edouard souriait, à peine dehors  il me conseillait.

- Bien joué gamin, voilà la femme idéale pour un jeune puceau comme toi, réponds le plus vite possible à son invitation.

 

- Alors, comment va ton grand-père ?

Maman me questionnait.

- Fatigué...tu le savais ?

- Nous voulions éviter de te faire de la peine, début janvier, il n’était pas bien du tout, maman avait craint le pire, il s’est remis un peu.

 



12/03/2013
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