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 Maurice nous rendait visite, il voulait nous parler d’une bonne nouvelle, nous venions d’entendre sur Radio-Londres que les libérateurs venaient de débarquer en Normandie.

- Avant un mois, ils sont ici, vous allez voir la glorieuse armée d’Hitler, balayée, liquidée, les Américains et les Anglais ont mis le paquet.

- Et les Français alors ?

- T’as raison gamin, les forces françaises de l’intérieur vont harceler les teutons sur leurs bases arrières, couper les routes du ravitaillement, je crois que je vais m’y mettre aussi.

L’occasion d’approcher de près la nouvelle institutrice allait m’être donnée en raison de la turbulence de ses élèves. Un soir, en venant chercher son lait, Edith avouait à Simone qu’elle ne parvenait pas à maîtriser les grands, qu’ils lui faisaient des misères, surtout pendant la récréation.

- Ils sont  déchaînés, je vais abandonner si cela continue.

- Mon neveu pourrait vous aider à les mater, il les connaît tous, et puis entre garçons...tu serais d’accord Christophe ?

Jouer un rôle de chevalier servant n’était pas pour me déplaire, le lendemain, je prenais position dans la cour de l’école et attendais la récréation.

- Merci d’être là, hier ils m’ont bombardé de pommes de pin et ils ont prolongé la pause d’un bon quart d’heure.

Je savais qui était le meneur, à la première attaque de pommes de pin, je me précipitais sur lui et lui faisait une clé de bras, le poussant vers le bûcher ; c’est dans cet endroit que notre ancien instituteur enfermait les récalcitrants, j’avais eu le désagrément de subir cette punition une seule fois mais j’en gardais un mauvais souvenir, je m’étais trouvé nez à nez avec un énorme rat perché sur le tas de bois.

- Non pas avec les rats Christophe, je ne recommencerai plus, j’te l’jure.

Edith me remerciait chaleureusement.

- Si vous pouviez venir ce soir à la sortie, j’ai peur qu’André se venge sur moi.

Le soir j’étais à l’heure au rendez-vous, après la disparition des élèves, je suivais Edith dans la classe, je retrouvais mon banc, la bibliothèque.

J’essayais de dominer mes instincts, la demoiselle venait de s’asseoir sur une table et sa jupe remontée laissait apparaître la naissance de cuisses appétissantes.

Mon élan un peu gauche était repoussé.

- Mais voyons Christophe, toi non plus tu n’es pas raisonnable.

Edith se levait.

- Allez du balai jeune homme, j’ai encore un peu de travail, encore merci, j’espère que la leçon a porté, si j’ai encore des problèmes, je te fais signe.