Les Planchettes à la une
- Je me méfie, j'en connais une qui doit se morfondre dans ce bled, et quel meilleur remède contre l'ennui que de prendre un amant?
- Je te le demande... mais tu es malade?
- Tu sais de qui je veux parler, de la charmante épouse du docteur Gauthier.
- Ah! c'est vrai, il s'est installé à Montclair, j'avoue que je n'ai absolument pas pensé à lui lors de mes multiples visites.
- Ni à Maud?
- Encore moins, je l'ai entr'aperçue dans ton magasin deux ou trois fois, j'admets quelle a du charme mais c'est tout, tu as perdu une bonne cliente.
- Un peu chiante tout de même, mais elle reviendra, elle effectuera le voyage j'en suis certaine, où pourrait-elle dénicher les derniers fringues à la mode?
- Bizarre qu'ils aient quitté la ville.
- Jean-Marie voulait redevenir un véritable médecin de famille, comme son père, tradition qui perdure encore dans les campagnes, il ne voulait pas être un simple rédacteur d'ordonnances.
- Il a réussi à décider sa charmante épouse?
- Madame fait du cheval, et en plus elle chasse, à Montclair, elle est plus proche de la nature.
- Alors elle a des occupations passionnantes, elle peut se passer d’amants, tu vois, tu ne risques rien.
- Tu as raison, je me fais du souci sans raison...et puis elle vise surtout les comptes en banque bien garnis, elle adore les cadeaux.
Une égratignure au passage, sacrées bonnes femmes, enfin il faut faire avec.
Tout en roulant vers Montclair, j'avais ressassé mes dernières conversations, avec Carole mais également avec Martine, de ces cogitations, j'avais émis une hypothèse.
- J'avais oublié que le docteur Gauthier vient d'installer son cabinet dans votre bourg.
- Nous sommes les petits nouveaux, il est arrivé une semaine après moi, c'était votre praticien?
- Quand il était de garde cela aurait pu être le cas, il était installé dans mon quartier; son épouse était une cliente de la boutique de mode gérée par la mienne.
- Parlons-en de son épouse, son intronisation dans la "haute société" Montclairoise a provoqué une sorte de révolution, cette diane chasseresse doublée d'une amazone est une nouveauté dans notre bourg, jalousie des femmes, convoitise des hommes.
- Et lui, un monsieur bien tranquille je crois.
- Oui, pourquoi une intonation douteuse dans cette affirmation?
- J'ai fait connaissance d'une demoiselle friande de messieurs bien entourés.
- C’est vrai, et l’épouse du toubib chasse, attendez j'appelle Langlois, le petit journal de la brigade, son épouse est employée à la poste... c'est vous dire.
Le gros gendarme confirme nos suppositions.
- Bien possible que Carole ait essayé d'agrafer le docteur... la jolie brune a réagi vigoureusement, un tir d'intimidation en quelque sorte... je vous tiens au courant, quand Nicole rentre du bureau, je la cuisine, elle devrait savoir.
- Les bruits de moteur ?
- C’est vague, dans le genre, peut-être bien que j’ai entendu un ronflement fort, un riverain a même ajouté que ça ressemblait à la conduite du maire...je vous le répète, nous sommes sur un terrain mouvant, il faut avancer avec une extrême prudence.
- L’important serait de savoir si le 4/4 qui se trouvait le mardi soir...
- Ronflait bruyamment... quelle bonne idée...je vous parlais de l’épouse de Langlois, je vais vous dévoiler un secret...les femmes de gendarmes sont comme les femmes de journalistes, à force d’entendre parler du boulot, elles deviennent des auxiliaires..le patron de madame Langlois, le receveur des postes était aussi du côté de la chapelle ce fameux mardi, je vous le disais cet endroit est très prisé, d’ailleurs je me demande pourquoi les futurs assassins avaient donné rendez-vous à Morel dans ce lieu toujours très fréquenté.
- Pour éviter d’apeurer leur victime.
- Oui... alors le receveur a entendu le 4/4, il était bien sur le chemin de la carrière mais il ronflait tout à fait normalement...le 4/4...le receveur avait vu passer la voiture de Carole, je vais vous surprendre, figurez-vous que...
- Le fonctionnaire des postes est amoureux fou de la fille Sadoul...
- Vous savez cela aussi, bon, n’en parlons plus.
Cette fois l’enquête était lancée, malgré les obstacles qui allaient se dresser devant Maupuits et son équipe, les deux pistes concernant Morel étaient les plus faciles à suivre ; concernant Casimir, la recherche du saboteur risquait d’être fastidieuse. La première piste, celle de la gare, menait à Alexandre Bativier, pour la seconde il restait quatre véhicules suspects, celui des frères Bassuet, ceux de Descamps le garagiste, Mathieu le boucher et Muller le menuisier. La coopération du menuisier semblait l’écarter et les brigades financières allaient surtout s’intéresser aux comptes des trois autres. Bien entendu, j’étais mis sur la touche et je devais attendre le bon vouloir des enquêteurs pour connaître la suite.
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