Motsetphotos

C’est bien utile d’avoir des amis dans différents domaines, l’aide de Pierre Salvati a permis d’élucider l’histoire de ces bois disparus, je contacte Daniel, spécialiste en électricité et domotique, il a créé son entreprise il y deux ou trois ans, son chiffre d’affaires se développe en parallèle avec la fréquence des cambriolages, de nombreux propriétaires font appel à sa société pour poser des alarmes.

-Naturellement, je me souviens de ce drame, en plus je suis fan de foot, c’est quand tu veux.

Je préviens Carole.

-Je récupère la clé, vous me passez juste un petit coup de fil avant de venir, je m’absente de temps en temps, Christophe vient de prendre l’avion pour Caracas via New-York et je n’ai plus de coursier.

Je retrouve la partie atelier tel que je l’avais vue après le drame, rien n’a bougé apparemment, la scie portative responsable est posée sur l’établi. Daniel examine la machine, le câble et la prise, il ouvre le tableau électrique.

-Une machine neuve aux normes, le manche bien isolé, le câble en bon état, rien d’anormal au tableau, les branchements sont corrects, la prise de terre est OK, normalement, le disjoncteur aurait du fonctionner illico, la décharge aurait été brève, elle n’aurait pas provoqué la mort, enfin l’électricité est imprévisible, j’ai vu des gars prendre une châtaigne minime et rester sur le carreau, d’autres recevoir des décharges plein pot et s’en sortir avec une légère brûlure.

Daniel continue à vérifier les prises, sort un tournevis de sa poche et provoque un court-circuit, le claquement du disjoncteur retentit.

-Réaction  normale, tout est OK.

-C’était aussi la conclusion de l’expert, alors comment expliquer l’électrocution.

-La victime n’a pas volontairement touché les pôles de la prise, il n’a pas bricolé avec un tournevis dans le moteur de sa machine, et puis tous ses outils sont munis de manches isolants, du beau matériel.

Nous allions sortir, quand une ombre se profile dans l’encadrement de la porte.

-M’sieurs, je suis Georges Chalan, le jardinier, madame Bartin m’a dis que vous étiez ici, vous avez découvert quelque chose de louche ?

-Pas vraiment.

-Pour les bois monsieur Christophe avait raison, il manquait bien des arbres.

-Monsieur Bartin vous avait parlé de cette disparition ?

-Non, il n’avait rien vu je pense, il n’allait jamais vers le bas, il se contentait de courir un peu en lisière et dans une bande que j’ai nettoyée dans la partie haute, il avait peur de s’aventurer plus loin, des renards enragés étaient signalés dans la région, c’était un homme prudent.

-Vous avez surveillé l’exploitation des bois abattus par la tempête ?

-C’était à l’époque de ma cure à Dax, au retour je reste toujours quelques semaines chez ma fille qui habite Toulouse, quand je suis rentré à Charville, l’exploitation était terminée, à part les souches des gros hêtres, tout était enlevé.

-Chalan ! J’ai connu un Claude Chalan à l’école l’électricité, de Charville, c’est un parent à vous ?

Daniel questionne.

-Claude ! C’est notre dernier, il est électricien dans une boite d’intérim, il est au Liban en ce moment, un contrat de six mois, il s’y connait en électricité mais malheureusement il ne tient pas en place, il a fait je ne sais combien d’entreprises, il a même travaillé chez Mancini, il a un foutu caractère.

Nous saluons Carole, je lui rends la clé, Daniel lui fait un compte-rendu.

-On ne saura jamais la vérité.

-Ce Claude Chalan, comment est-il ?

-Tu as la même idée que moi Laurent, c’est un gars doué mais impulsif, coléreux, il a d’ailleurs été viré de l’école un mois avant l’examen.

-Il faudrait savoir s’il était à Charville à l’époque du drame, à ton avis, un bon bricoleur est capable de tendre un piège ?

-Oui, et il pouvait revenir ensuite enlever les traces, il avait ses entrées chez les Bartin par l’intermédiaire de son père.

-Mais dans quel but ce piège ?

-Une commande, soit émanant  des voleurs de bois, soit d’un mari trompé.

Une piste intéressante, j’aimerais savoir si les enquêteurs se sont intéressés à lui ?