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Le bois des Grives

C’est en passant devant l’unique garage de Valizey que me revient la phrase de Jeannette, Couturier avait une moto en réparation et il n’est jamais venu la récupérer.

-On ne répare plus les motos depuis plusieurs années, vous connaissez la marque ?…Il reste quelques vieilleries dans la cour arrière, attendez, j’appelle mon père, il a une bonne mémoire.

-Oui, je me souviens, j’ai même contacté sa cousine, elle était mariée avec un dénommé Calluis, celui qui a dégommé le conseiller général.

L’ancien garagiste me présente plusieurs carcasses de motos.

-C’est celle-ci, une Motobécane, il avait cassé l’axe de la roue arrière, certainement en roulant dans de mauvais chemins, d’ailleurs quand il est arrivé en poussant son engin, les roues étaient maculées de boue.

-Vous avez une bonne mémoire, c’était un dimanche ?

-Oui, ma pompe à essence était de service, dans ce temps-là, nous nous s’arrangions entre garagistes du canton, c’était à tour de rôle les dimanches et les jours fériés, comme les pharmaciens, je lui ai dit de revenir le surlendemain mais qu’il n’aurait pas un axe neuf, sa machine était un modèle ancien, il n’est jamais revenu.

Pressé de redescendre de la forêt et de balancer le fusil dans l’étang, il n’a pas ménagé sa monture, encore un fait qui corrobore ma version.

Je téléphone à l’ancien garde-forestier et lui parle de la moto.

-Je comprends mieux maintenant, comme il était en retard, il est certainement arrivé par la route forestière en moto, après son forfait accompli, alors que tout le monde se dirigeait vers le poste de Gauthier, il a rebroussé chemin, il s’est peut-être caché dans la cabane quelques minutes avant de reprendre son engin, le temps que tout le monde redescende au village.

-L’étang où a été retrouvé l’arme est proche ?

-Il est à quelques mètres de la route forestière.

-Ce n’est pas le même itinéraire que le chemin des Grives ?

-Non, ils sont parallèles, la moto que j’ai entendue était bien celle de Jean Calluis, le bruit était porté par le vent d’ouest.

 

J’attends des renseignements de Grenoble, avant cela je m’annonce chez les Calluis.

-Vous avez du nouveau ?

-Je vous en parlerai.

 

Jeannette est absente.

-Elle est à Munich, avec le fils de l’éditeur pour qui elle travaille, ils vont signer des contrats de traduction, après des années de bouderie compréhensible, pour ne pas dire une réelle aversion, la littérature allemande connait un certain succès actuellement en France.

J’expose ma théorie, le visage de Jean passe par toutes les couleurs.

-C’est l’histoire de l’arroseur arrosé, cette version correspond bien aux personnages, Gauthier a fait un mauvais choix avec Maurice, cet imbécile s’est trompé de cible…Sincèrement, vous croyez que je peux être réhabilité ?... Jeannette ne serait plus traitée de fille d’assassin…Comment voyez-vous la suite ?

-Prendre un avocat, retrouver Maurice Couturier.

-Mais il n’avouera jamais, est-il encore vivant ?

-Ayez confiance, s’il est vivant, nous trouverons un moyen de le confondre.

Je veux rassurer mon hôte mais il a raison, ce n’est pas gagné.



12/02/2012
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