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Le rocher du diable

Je revoyais enfin Véronique, cette fois le rendez-vous était fixé en face du Versaillais, au Casablanca et la terrasse pouvait nous accueillir ; l’hôtesse de l’air était accompagnée, le monsieur ne m’était pas inconnu en effet, il se présentait et je comprenais sa première réaction, je l’avais croisé dans la boutique de Martine accompagné d’une autre dame non moins charmante que Véronique.

- Arnaud et moi avons décidé de nous marier, nous allons quitter cette ville et occuper le logement de papa, à Courbevoie...en tout cas, merci, vous voyez que j’avais eu raison d’insister, quel serait le mobile du crime selon vous ?

- Aucune idée pour le moment.

- Vous savez, j’ai eu confirmation, papa recevait effectivement une dame depuis environ deux ans, j’ai eu bien des difficultés à obtenir ce renseignement, les gens de son immeuble sont d’une telle discrétion.

- Et vous avez eu une description de la visiteuse?

- Succincte, une dame relativement petite, un peu enveloppée, ce sont les termes d’un colonel en retraite, voisin de palier de papa. Ce monsieur a ajouté qu’elle laissait flotter dans son sillage un parfum un peu fort aux effluves épicés.

- Ce n’est absolument pas le portrait de mademoiselle Dubuisson, peut-être que votre père recevait deux dames ?

- Mon père ? cela m’étonnerait, d’autant plus que les rares témoignages sont unanimes sur l’aspect général de la dame, un peu ronde, alerte, elle avait manifestement une perruque et souvent des lunettes noires.

J’avais confirmation du mensonge d’Albertine, elle avait dit qu’elle voyait Jacques depuis deux ans, probable que la victime s’était confié à elle, reste à la confondre...faut le prouver, comme l’affirment Maurice et sa moustache.

- Et cette mystérieuse dame n’aurait plus donné signe de vie.

- Et si elle était morte elle aussi ?

- Elle ne peut se dévoiler, elle veut rester dans l’ombre.

Arnaud donne une opinion à laquelle je souscris.

 - Voilà le seul indice que j’ai déniché dans l’appartement, il était dans le tiroir d’une coiffeuse,  coincé dans le fond.

Véronique me tend un petit mouchoir brodé, mon nez délicat décèle effectivement un parfum épicé.

- Voyez, les initiales, L.R., ce mouchoir n’appartenait pas à maman, j’en suis certaine...papa, je n’aurais jamais pensé...ah les hommes...

 

 Malgré les lésions multiples provoquées par la chute, la dépouille de Jacques venait de ‘parler’.

- Même objet à vives arêtes, légères traces d’oxyde ferrique hydraté, le coup porté au même endroit, les deux assassins ne font qu’un...vous êtes toujours là monsieur Passy ?

Je gardais le silence, une telle déclaration me glaçait, sans la volonté de Véronique, sans mon intérêt pour son problème, sans ma passion pour ce genre d’affaire...

- Un crime de trop, croyez-moi, nous avions déjà fait le rapprochement entre les deux décès, les assassins deviennent euphoriques lorsqu’ils pensent avoir réussi le crime parfait et ils récidivent, après la mort de Perrotot, nous allions revenir sur celle de Léonardin, vous pouvez-nous croire.

Un phrase de trop pour Allarig, son « vous pouvez-nous croire » sonne faux, d’autres suicides ou accidents présumés doivent également être des crimes, ils risquent d’être réellement impunis.

- Le mobile doit être recherché au niveau du premier crime.

- Bonne déduction, le second découlant du premier, c’est en route, nous attendons que l’étourdie qui perd ses bijoux dans les voitures se manifeste avant de passer à l’audition de qui vous savez.

- Faut le prouver.

- C’est possible...alors un gros titre demain matin? le juge Berton et moi-même seront sur le site demain à quatorze heures, vous ne serez plus seul je pense.

 

 

 

 

 



18/09/2011
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