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- Les gens qui habitent à l'orée de la forêt, des clients réguliers pour vous?

- Ceux des Planchettes, guère plus que les autres, une communauté qui vit un peu en autarcie, ivresse sur la voie publique, quelques larcins mineurs... si, un exhibitionniste mais anodin, du moins jusqu'à présent, je me méfie toujours avec ce genre de citoyen, une déviance est toujours à craindre... mais j'ai l'impression que la vieille vous a convaincu, si vous voulez faire des investigations, vous allez vous amuser en interrogeant ces espèces de zonards.

- Cette  Carmen, une espagnole?

- D'origine... ah celle-là est différente, un sacré phénomène, elle raconte qu'elle était danseuse de flamenco dans un grand cabaret parisien, je crois plutôt qu'elle exerçait son métier sur le trottoir de ce cabaret, d'ailleurs elle continue localement et... Casimir devait être l'un de ses fidèles clients... ou bien c'était la nièce qu'il allait voir, plus jeune, plus fraîche.

- Vous avez une maison de tolérance à Montclair si je comprends bien.

- Modeste, un exutoire pour les mâles des Planchettes et quelques autres, c'est peut-être mieux ainsi, aucune agression sexuelle à redouter, dès mon arrivée à la brigade, j'ai été prévenu qu'il fallait fermer les yeux sur ce petit commerce.

- Votre enquête, vous avez récolté quelques témoignages qui pourraient donner raison aux femmes de ce quartier...chaud?

- Vous y tenez! Non seulement la vieille vous a convaincu, mais elle vous également séduit, avouez... ah ces journalistes, toujours à flairer les histoires saugrenues... j'ignore ce que vous comptez faire mais si vous avez du temps à consacrer à Montclair j'accepte de vous aider... je vous avoue que, lors de ma prise de commandement, je n'ai pas tellement apprécié les recommandations de certaines personnes de ce bourg , quand j'ai voulu revenir sur le décès accident de Morel, ce fut une véritable levée de boucliers, ce genre de réaction me déplaît particulièrement, j'ai horreur d'être soumis à des pressions.

- Sans vous demander d'où émanait cette opposition, quels étaient les arguments développés?

- Excusez-moi monsieur Laurent, je dois terminer mon rapport, j'avais déjà un programme assez chargé aujourd'hui, cet accident le perturbe... si vous voulez, revenez la semaine prochaine, la brigade sera au complet et nous pourrons bavarder tranquillement.

Je promets de revenir, j'ai aussi d'autres missions dans le secteur, entre autres, je dois me rendre à  Voussois, un petit village où sévit un pyromane, quatre incendies de fermes et de hangars en deux mois, toujours prisées par les lecteurs ces histoires de feux à répétition, une sorte de fascination pour les flammes; d'ailleurs à chaque fois, les curieux affluent pour assister à une belle flambée, surtout si c'est la nuit.

- J'ai juste eu le temps de prendre des photos de l'autorail, il repartait, ce n'est pas spectaculaire, l'avant est un peu cabossé, je vous donne la pellicule ?

- Oui, merci, je me charge de faire redescendre l'information à votre agence pour alimenter la page locale ; autre chose, essayez si c'est possible de trouver une photo récente de la victime.

- Il vivait seul.

- Vous ne l'avez pas photographié lors d'une manifestation à Montclair ?

- Ah oui, bonne idée, j'ai un négatif, il a gagné le dernier tournoi d'échec...je la donne à monsieur Mallet.

- Lors de l'accident de Robert Morel, vous étiez déjà correspondant.

- J'ai commencé il y deux mois seulement, c'était monsieur Gasler à l'époque, il a quitté Montclair.