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- Un ancien mécano de l'écurie MX ? elle n'existe plus depuis une bonne dizaine d'années, Louis Prévot ? ce nom ne me dit rien.

Je voulais que mon collègue Arnaud spécialiste des sports automobiles m'accompagne à Montclair, le coup de fil de l'adjudant me redonnait le droit de reprendre mes investigations.

- Confirmation et c'est notre bonne idée qui l'a permise, le bordereau gagnant puait, comme ceux que nous avions empruntés...la bêtise, nous avions viré le tout à la poubelle, je suis retourné dans la bicoque, oh surprise, la mère souris avait le fait ménage, plus de tickets, mais mon nez m'a fait reconnaître cette odeur particulière, comparaison concluante.

- Une preuve irréfutable.

- Non, pas tout à fait, supposons que Morel ait donné un bordereau vierge à un autre parieur...heureusement, le récit du menuisier que nous avons consigné, le journal et les numéros notés... à ce propos, votre signature sur le même page, au bas d'un article,  le capitaine Maupuits a trouvé cette concordance curieuse, ésotérique même, c'est un passionné de cette doctrine et je crois que ce fait troublant va vous donner une certaine aura à ses yeux.

Rien n'a changé dans le décor du café de la gare, si comme je le suppose, ce Louis Prévot a saboté le moteur de Casimir, le rapport a dû être maigre, où alors il attend son heure pour quitter les lieux.

Les deux hommes sont rapidement branchés sur la mécanique, Arnaud sait de quoi il parle et il a en face de lui un interlocuteur à la hauteur ; Louis semble heureux de parler du passé, de moteur, pistons et autres carburos.

- Il vous arrive de dépanner des copains ?

- Comment ça ?

- De régler un allumage par exemple.

- Quand un gars est en panne devant chez moi, c'est sûr, il ne va  tout de même pas appeler un garagiste.

- Casimir tombait souvent en panne devant chez vous.

Louis me regarde bizarrement.

- ...Quasimodo, il avait une vraie chiotte, me salir les pattes dans un tel moulin ?...si deux fois, vous dire quand...son ralenti était trop faible, j'ai donné un coup de tourne-vis...pourquoi cette question ?...merde, vous me faîtes peur...la deuxième fois j'étais surpris, la fois d'avant j'avais bien bloqué la vis de réglage, vous pensez... et je la retrouvais  à peine serrée...putain, voilà comment il a calé sur le passage...un saboteur, cet imbécile débrayait en descendant les côtes, cent fois je lui disais que c'était une connerie, il croyait faire des économies d'essence.

- Il laissait son véhicule dehors ?

- Souvent...vous allez raconter ça aux gendarmes ?

- Je vais dire que vous avez quelque chose à leur apprendre, c'est tout.

- Je ne vais pas me gêner, c'est la vérité.

- Et les véhicules de monsieur le maire, vous en avez déjà réparé ?

- Quoi, Bativier ? il pourrait tomber en panne en pleine forêt que je ne soulèverais même pas le capot pour regarder son moulin, un pourri, un salopard, une ordure...excusez-moi c'est plus fort que moi...quand je vois comment il maltraite la mécanique ça me fout en rogne...et toujours des belles bagnoles.

Manque d'habitude, Arnaud devait faire un effort pour ne pas rire au nez de l'ancien mécano, les qualificatifs attribués au maire ne découlaient que du traitement ignoble que ce monsieur infligeait à ses véhicules.

- A part ça ?

- Quoi ? la politique je m'en fiche royalement, si c'est pas lui, c'est un autre, ces types n'ont souvent qu'un seul but, faire du fric, placer des membres de leur famille aux meilleurs postes, remarquez à leur place j'en ferais autant...le salaud, il avait une petite merveille...une MG de...

Arnaud compatissait, la conversation repartait sur les chapeaux de roue en direction des circuits et rallyes. 

- Et son 4/4 ?

Je voulais conclure.

- Il lui a tout fait, un engin comme ça capable de résister aux pires traitements, paraît qu'il vient de niquer l'embrayage une deuxième fois, l'année dernière il démarrait en seconde et roulait comme ça sur des kilomètres...je vous jure, je retirerais le permis à des vandales pareils.