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Les Planchettes à la une

- Attendez, j’appelle Langlois.

L’adjudant Monneret était surpris de me revoir si vite, Langlois examinait le chapeau.

- Rien dans la doublure, pour avoir une certitude, le plus simple serait d’aller voir les gens des Planchettes.

- Mettez ce truc dans un sac plastique, présentez-le aux bonnes femmes...non, attendez, j’irais seul... Le témoignage du fils Decamps tient debout, Morel avait rendez-vous sur le chemin du plateau, c’est là qu’il a été assommé et dépouillé, je me demande si nous allons découvrir des empreintes sur cette toile, elle a passée l’hiver dehors, elle a été lessivée...merci, décidément, vous ne lâchez pas la grappe, vous ne seriez pas Breton vous, ou Vosgien ? il pue encore ce chapeau, cela ne vous rappelle rien ?

- Où est le bordereau gagnant ? il doit puer lui aussi, voilà un bon indice.

- A savoir si le P.M.U conserve les tickets gagnants, je vois la question rapidement, il faudrait un "nez" pour détecter la provenance...notre coopération va s'arrêter monsieur Passy, je regrette, ces découvertes corroborent nos suppositions et modifient le cours de notre enquête, vous aurez affaire au capitaine Maupuits dorénavant, mais je vous promets d’intercéder pour vous.

Comme d’habitude, je leur offre des preuves sur un plateau d’argent et je vais devoir me contenter d’un strapontin, et encore en insistant, en restant en éveil.

- Vous serez peut-être convoqué pour déposer dans  le cadre de l'agression subie par Carole Sadoul.

- Je peux vous accompagner aux Planchettes ?

- J’attendais cette question, envie de revoir la charmante Inés... OK je vous dois bien ça.

 

Nous commençons par la partie désagréable de la mission, quel moulin à paroles cette Fernande Machecourt  elle nous saoule. Elle  doit passer le plus clair de son temps derrière sa fenêtre, d'où elle est placée, elle a vue sur la montée et doit contrôler tous les mouvements du quartier, elle peut voir  les entrées et sorties chez ses voisines.

- C'est bien à lui, c'est bien son chapeau.

Emue la souillon, elle renifle bruyamment, extirpe de son poitrail un carré de tissu aussi cradingue que sa blouse à grosses fleurs, se mouche et s'essuie le visage.

- Et je repense à sa brave maman, c’est elle qui lui avait acheté ce beau chapeau...une brave femme...elle serait toute retournée si elle voyait son cadeau comme ça...douze ans qu’elle est morte demain.

- Elle n’était pas morte au mois d’octobre ?

- Au printemps que je vous dis, même que Bébert il avait fait un bouquet avec des violettes de bois, des qui sentaient bon, c’était émouvant... Et sa musette ? vous ne l’avez pas retrouvée sa musette ? il l'aimait bien, toujours avec lui,  combien de fois qu’elle était pleine de bonnes choses, des champignons, des escargots, des fraises, des myrtilles; il m'en apportait toujours, il était partageur lui.

- Des lièvres aussi?

- Pourquoi que vous dites ça? il était pas "braconneur" et puis il aimait tellement la nature, les animaux, en hiver, quand y avait de la neige, les biches elles venaient lui manger dans la main...vous me laissez le chapeau, je veux le garder en souvenir.

- Quand l'enquête sera close, promis, nous vous le confierons.

- Hein que j'avais raison,  l'autre gros cochon en uniforme qu'était à la gendarmerie avant vous m'avait renvoyée comme une malpropre quand j'ai été lui dire que j'avais des doutes sur l’accident  de Bébert, "cui-là" il ne pensait qu'à embêter Carmen et Inés, j’aurais dû prévenir sa petite femme ...vous allez me le trouver l'assassin, que je lui arrache les yeux... sûrement pas un pauvre diable...

- Le lundi ou le mardi, avez-vous aperçu Casimir entrer chez les deux dames?

- Vous croyez que je suis toujours à guetter les allées et les venues du quartier, j'ai ma télévision...vous dites quand ? le lundi matin qu'il est passé, il n'est pas resté longtemps, dix minutes pas plus, j'étais étonnée, d'habitude c'était au moins deux heures... pourquoi faire je me le demande... j'ai entendu sa "pétrolette" démarrer en "trompe", il devait avoir le feu aux fesses... alors il paraîtrait que lui aussi a été victime d'un assassin, des gens disent que sa voiture était sabotée, que son "lembrayage" était trafiqué, c'est-y possible des horreurs pareilles, quelle époque, mon Dieu quelle époque...vous penserez à me rendre mes deux journaux...



09/05/2012
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