Les Planchettes à la une
Cette femme est une véritable comédienne, elle change de registre au gré de la conversation, elle passe de la douceur à l'agressivité sans préambule puis revient à une sorte de béatitude, le jeune officier aux deux barrettes lui a fait de l’effet.
- Je n'ai rien à cacher, d'ailleurs tout Montclair connaît ma vie, je vais vous avouer ce que je n'ai jamais dit à personne, sauf à ma petite sœur; j'ai bientôt trente ans, je collectionne les amants parce que il y a bien longtemps j'ai aimé un homme inaccessible, un homme qui m'a repoussé pour épouser une jolie femme, un homme qui a refusé mon amour, qui m'a humilié en osant se moquer de mon physique, disant que mon visage ne pouvait inspirer le désir; alors depuis, je me venge, quand je vois un mâle au bras d'une femelle dite ravissante, je n'ai de cesse de l'attirer dans mon lit et croyez-moi cela marche à tous les coups, ou presque... votre épouse ou compagne, jolie?
J'élude la question, dangereuse cette virago.
- Quelle était l'information que Loraux aurait du me transmettre?
- Excusez-moi, ma vie ne vous intéresse pas.
- Vous devriez modifier son cours, oublier vos déboires, l'homme que vous aimiez est peut-être passé à côté du bonheur, donnez une chance à un autre, un homme clairvoyant, il en reste.
- Je vais y réfléchir, merci, vous m'évitez des séances chez un psy... revenons à la journée du 19 octobre, il y avait du monde dans le chemin du plateau ce mardi entre dix neuf et vingt heures, je m'y trouvais également, j'ai croisé un piéton que je n'ai aucun mal a identifier, Robert Morel; un autre l'a aperçu près de la chapelle.
- Yves Descamps.
- Je venais de le quitter, il attendait que je file avec ma voiture, que je prenne du champ, pas que nos deux véhicules se suivent en passant sur la place.
- Je croyais que vous n'attaquiez que...
- Le fils du garagiste était fiancé figurez-vous, à une idiote ravissante et riche, très riche, c'est vous dire la colère du père Descamps apprenant que j'avais attrapé son nigaud de fiston dans mes filets; justement, ce soir-là, alors que nous étions au bout du parking, nous avons entendu un bruit de moteur, un ronflement caractéristique... mon père! s'est écrié Yves, avec son 4/4, il a souvent son fusil de chasse dans ce véhicule, file la première... ce que j'ai fait; curieusement, je n'ai croisé aucune voiture, réflexion faite, j'ai supposé que le véhicule était sur le chemin de la carrière, la nuit, les bruits résonnent différemment.
- Et où mène ce chemin?
- Nulle part, il domine l'ancienne carrière située sur le versant opposée au bourg, si, il se poursuit par une sorte de piste qui rejoint la route de notre ferme.
- Non loin du chantier des frères Bassuet.
- A peu près, mais cette piste n’est praticable qu’avec un engin adapté et par beau temps.
- Et il faisait beau, ce pouvait être le père de votre ami voulant vous contourner et vous surprendre.
- Jean-Pierre? si c'était lui, il serait venu au plus court, directement au but, il est ainsi... pour ses affaires et pour le reste.
- Son épouse est un canon.
- Sa seconde non, la première oui, elle n'a pas supporté....
Les yeux de Carole s'irisent, elle savoure encore sa vengeance, quelle tornade, elle jouit encore en songeant aux dégâts qu'elle occasionne sur son passage.
- Qui d'après vous se promenait sur le chemin de la carrière à une telle heure?
- Aucune idée... c'est ce que j'ai répondu au faux jeton de policier...Seule certitude, ce n’était pas mon père, en arrivant à la ferme je suis allé voir son tout terrain dans le garage, le moteur était froid.
- Bravo pour votre esprit de déduction, votre ami Yves a fait le même test avec le véhicule de son paternel j’imagine ?
- Un homme ! penser à ça.
- Quelle couleur le véhicule du garagiste ?
- Bordeaux, pourquoi cette question ?
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