Les Planchettes à la une
A nouveau la voix sucrée, presque mielleuse au téléphone. Carole!
- Merci pour les fleurs, magnifique.
- ???
- Votre dédicace vous a trahi Laurent, ne culpabilisez surtout pas, une simple égratignure, quelques jours de repos qui me font le grand bien, j'en profite pour bouquiner, je redécouvre ce plaisir.
- Vous êtes encore à la clinique?
- Vous savez bien que non, puisque vous connaissez ma nouvelle adresse, le bouquet est arrivé directement.
- Je vous assure que j'ai malheureusement oublié cette attention, ce geste délicat que je vous devais, veuillez accepter mes excuses…
- Alors quelqu'un l'a fait pour vous, un proche? un ami? c'est curieux... je suis profondément déçue, pour votre punition, venez me rendre visite, au château des Clochettes, c'est une maison de repos proche de Nantilly.
- Je ne voudrais pas provoquer un autre...accident.
- Main non, soyez sans crainte, personne à part mes parents et la gendarmerie ne sait où je suis.
- Si, votre admirateur.
- Je suis encore surveillée, venez, je vous expliquerez tout, alors vous connaissez, le château des Clochettes ?
- Je vois l'endroit, quand et à quelle heure?
- Demain début d'après-midi, la majeure partie des pensionnaires se repose, nous aurons le parc pour nous seuls.
Je suis pressé de lire la fameuse dédicace qui lui a fait penser à moi.
Encore un carrefour modifié, j'ai pris la mauvaise route, je dois faire demi-tour...je ne suis pas le seul à avoir fait l'erreur, la voiture qui me suivait est dans le même cas...mais, bien l’impression qu’il me colle aux fesses depuis un bon bout de temps ce gaillard, sur l'autoroute je pensais qu'il voulait me dépasser à plusieurs reprises et, au contraire à chaque fois il se laissait décoller; le meilleur moyen de le piéger c'est de stopper... c'est chose faite, il ne peut faire autrement que de continuer; je scrute l'habitacle à son passage, j'aimerais voir sa tronche, malin ce pisteur, il a abaissé les pare-soleil et laissé la buée recouvrir les vitres; le numéro minéralogique...encore plus fort, c'est un WW écrit à la craie, tout simplement illisible; bien entendu, il ralentit et tourne brusquement à droite; nous sommes dans les faubourg de Nantilly, il va se placer en embuscade et attendre mon passage pour emboîter mes roues; il n'aura pas ce plaisir, je connais une route qui traverse la zone industrielle et qui rejoint la départementale à la sortie de l'agglomération, le château des Clochettes est alors tout proche.
Je recule et m'engage dans la première allée; quelques fausses manœuvres, je tourne un peu en rond dans ce dédale de rues qui se ressemblent, passe pour la troisième fois devant une usine de produits chimiques qui dégage des odeurs pestilentielles; la signalisation est souvent déplorable dans ces zones, je trouve enfin le panneau indiquant la sortie.
Je me retrouve seul sur cette petite route agréable longeant une rivière, que fait l'autre olibrius? il m'attend toujours? pourquoi me suivait-il?
Un pont, une route privée bordée de marronniers et je franchis le porche de la maison de repos; voilà un lieu privilégié, à l'abri de toutes pollutions olfactives et auditives, encore faut-il avoir les moyens, la sécurité sociale ne rembourse qu'une faible partie du séjour, heureusement car son trou est suffisamment large et profond.
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