Motsetphotos

Motsetphotos

Les Planchettes à la une

...  le prix de la maison de monsieur Lebrun, la belle maison en ardoises juste en face........

 

Elle me désigne la fenêtre, je fais un quart de tour, aperçois une grande villa entourée d'un  terrain arboré, située de l'autre côté de la ligne de chemin de fer; Bébert devait être dans le vrai, à cent mille francs près.

- Et puis?

- Casimir m'a sorti des petites feuilles de sa poche, comme celles-là qu'il m'a demandé, j'ai dis oui...il m'a embrassé et m'a dit au revoir, et voilà.

Je me lève, Inés semble déçue.

- Vous restez encore un peu, je vous aime bien, vous.

Elle joint le geste à la parole, me prend tendrement la main et la caresse.

Beaucoup de métier et beaucoup d'atouts, est-elle sincère?

- Une autre fois, je reviendrai, un monsieur m'attend à côté.

- Promis! j'aimerai bien, vous n'êtes pas comme les autres, vous êtes un peu comme Casimir.

Je dois avoir un drôle d'air en réapparaissant dans le grand salon, Monneret me toise ironiquement.

- Elle s'est confiée à vous, j'en étais certaine, monsieur l'adjudant vient de m'expliquer le pourquoi de votre visite.

- J'aime bien jouer franc-jeu, alors, vous avez confirmation.

- Robert Morel lui a montré le bordereau gagnant, ce qu'elle a avoué à Casimir suffisait pour qu'il comprenne.

- La pauvre fille, responsable sans le vouloir de la mort de nos deux meilleurs amis.

Carmen ne feint pas, de grosses larmes coulent sur ses joues, entraînant dans leur  sillage un fond de teint liquéfié.

 

- Mon collègue aurait dû demander la date du décès de la mère de Bébert.

- L’envie de Morel d’ériger un beau monument n’était pas une folie.

- Voyez comment un détail qui vous échappe peut avoir une importance capitale.

 

Une fois de plus je viens de prendre la route de Montclair, le coup de fil de notre journaliste d’agence est arrivé alors que j’étais dans le bureau de la rédaction, heureusement, sinon je serais passé à travers.

- Il nous signale un incendie dans le secteur de Montclair, cette fois c’est  une menuiserie qui flambe, dans le bourg même, encore le malade de Voussois, il étend son rayon d’action, tu t’en occupes ou je laisse les localiers s’en charger.

- Qu’ils prennent des photos, j’y vais.

 

La proximité de la rivière, les moyens de lutte contre l’incendie équipant l’atelier de menuiserie avaient permis de limiter les dégâts, un seul bâtiment avait été touché, seulement cette annexe renfermant de nombreux produits inflammables, en particulier des vernis.

- Une sacrée flambée, heureusement que le vent est nul, le reste aurait cramé aussi...vous cherchez l’adjudant Monneret, il est derrière avec ses hommes, ils essayent de trouver des indices.

Le chef de corps des sapeurs-pompiers locaux me donnait les premiers renseignements et je retrouvais les gendarmes à l’arrière du local incendié.

- Ah vous êtes déjà là, coïncidence encore une fois ? vous croyez que cet incendie a un rapport avec nos affaires ? vous êtes un homme dangereux monsieur Passy, tous ceux qui vous approchent ont des ennuis...nous nous voyons dans une petite heure, au bureau...Muller est absent, sur un gros chantier à trois cent bornes d’ici, il a été prévenu mais le temps d’arriver.

 

Toujours ma bonne habitude de fréquenter les cafés, le jour où dans les villages et les bourgs, ils seront tous fermés, nous aurons quelques problèmes pour glaner des échos, même si ils ne sont pas toujours crédibles.

Le café du Soleil est situé un peu à l’écart de la ville, il fait face à un lycée agricole, il était probablement à cet endroit avant la construction de l'établissement, une telle implantation ne serait plus tolérée à présent; c'est à se demander si les décideurs ont été jeunes à un moment de leur vie, quel plaisir pour un étudiant d'avoir un point de rencontre tel qu'un café, que d'excellents souvenirs je conserve d'un troquet chaleureux où nous nous retrouvions tous, agglutinés autour du flipper, entourant le baby-foot, dansant et chantant devant le juke-box, flirtant dans les coins plus sombres; quand je pense que les universités sont mises à l'écart du monde, que les campus sont devenus des sortes de ghettos.

Calme cet établissement, pourtant la rangée de flippers et de jeux "arcade" cantonnés dans une salle attenante prouvent qu'il doit connaître des périodes très agitées. La patronne est souriante, avenante, ses lèvres pulpeuses et teintées d'un rouge violent dominent un visage visiblement fatigué; sa chevelure auburn, couvre en partie des épaules  dénudées, bronzées artificiellement; dès mon entrée, elle me juge, me jauge, me suit du regard jusqu'à mon approche du comptoir.

Je passe ma commande et attend qu’elle me serve pour entamer la conversation.

- La deuxième fois que ça brûle, avec les produits qu’ils utilisent, c’est dangereux...vous êtes le journaliste, celui qui parle de Montclair, décidément il s’en passe des choses ici, c’est vous qui étiez dernièrement au café de la Gare.

- Je suis allé une seule fois, je n’ai pas eu le plaisir de vous rencontrer.

- Et pour cause, j’étais dans la cuisine...je vous ai vu et entendu bavarder avec le légionnaire, le patron du bistrot, c’est mon ex-mari, nous sommes divorcés depuis dix ans, je dois me déplacer pour encaisser la pension alimentaire décidée par le juge, une fois par mois, sinon ce chameau m'oublierait.... vous tombez bien, je voulais vous parler...mais incognito, ne dites surtout pas aux gendarmes que c’est moi qui vous ai renseigné,  j'ai déjà été prise une fois, pour une bagarre qui avait tourné au vinaigre, j'ai perdu un temps fou, trois journées de travail et c'est tout juste si j'ai été remerciée.

Je promets la discrétion.

- J'ignore si c'est important, c’est en rapport avec l'accident de Bébert,  le lundi,  c'est mon jour de fermeture et la veille de l’accident, j'étais également chez Pierrot, au café de la Gare, toujours pour encaisser  ma pension, habituellement pour revenir ici, quand il ne pleut pas, je coupe au court, passe par les quais de la gare et rejoins la nationale, plutôt que de remonter vers le centre; j'ai eu la frousse, il faisait nuit noire, deux bonhommes se sont écartés sur le passage de ma voiture, j'ai cru reconnaître Bébert et son chapeau, par contre l'autre était tête nue,  je ne l'ai pas reconnu; un peu plus loin, un véhicule était garé le long des piles  de bois, tous feux éteints, un genre tout terrain, haut sur pattes.

- Un 4/4, et vous n'avez rien dit à la gendarmerie.

- Ils ne m'ont rien demandé.

- Le véhicule, vous ne l’avez pas reconnu, qui possède un tel engin à Montclair?

- Tous les richards, les chasseurs, au moins cinq ou six.

- La couleur, sombre ou claire?

- Sombre, oui assez sombre...voilà,  débrouillez-vous pour en parler à l’adjudant, mais sans dire que les renseignements viennent de moi, nous ne sommes pas copains !



13/05/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 10 autres membres