Les Planchettes à la une
- Curieux, vous êtes toujours présent dans des coups tordus, qui vous a averti, les gendarmes et leurs gros sabots... alors d'après vous le tireur aurait des motifs plus terre à terre, dommage, j'aime les crimes passionnels, les plus beaux, vous gâchez mon plaisir, je voyais déjà la vengeance d’une femme bafouée, ou la colère d’un type largué... passez à la P.J. d'ici une petite heure, une course et je reviens au bureau.
J'aurais aimé bavarder avec mon ami l'inspecteur Olivier, il est en mission dans un pays voisin.
- C'est vous qui avez conseillé la gendarmerie de lâcher du lest, je viens de recevoir un fax du capitaine Maupuits, ainsi, deux crimes auraient été commis dans le cadre de cette même affaire? deux accidents déguisés? votre malfaisant change de tactique, il est plus direct; avant d'aller interroger une seconde fois la blessée qui soit dit en passant nous avait branché sur une autre piste, racontez-moi votre histoire de gros sous.
Je résume sans entrer dans les détails, je garde toujours une certaine réserve d'infos afin de ne pas être mis sur la touche.
- Bien ficelé votre polar, je vais tout d'abord en référer au juge, connaître le nom de l'individu qui a encaissé le quinté me paraît être la première démarche à accomplir, je peux vous croire au moins? Nous avons toujours peur de suivre des pistes tortueuses qui mènent au ridicule; notre ami commun, membre éminent de cette maison foncerait tête baissée, il a une telle confiance en vous, pour ma part je vais procéder à des vérifications préalables; nous allons nous retrouver probablement à Montclair sur le coup de midi, je déjeune au restaurant du Puits, vous connaissez ?
L'inspecteur Loraux ne perd pas le nord, j'allais oublier qu'il aime la bonne bouffe et surtout lorsque l'addition échappe a son contrôle, ma note de frais comportera deux menus et je devrai donner des explications à notre comptable particulièrement pointilleux cette saison.
Il exprime un peu d'amertume l'adjudant Monneret, il me fait un compte-rendu précis de la tentative d'assassinat dont Carole a été victime.
- Blessure superficielle, elle pourrait sortir rapidement de la clinique, plutôt un choc psychologique.
- Je préfère, je me sens responsable.
- Je vous comprends, seulement plusieurs points posent des interrogations; tout d'abord un familier de la donzelle, il faut savoir qu'elle fréquente le magasin tôt le matin, dès l'ouverture, ensuite qu'elle a l'habitude de se garer dans un secteur précis, sur le côté gauche, non loin des bureaux de la supérette, nostalgie, souvenirs souvenirs, elle a été la maîtresse du directeur durant un certain temps; autre constatation, avec la carabine de précision utilisée, la distance évaluée, l'agresseur ne pouvait rater sa cible, ou alors, si c’est un chasseur, il ferait mieux de rendre son permis de chasse et d’aller à la pêche au gros.
- Un excellent tireur désirant blesser uniquement?
- Bien mon avis, mais n'en dites rien à Loraux, qu'il se débrouille.
Monneret est injuste, la P.J. doit avoir la même conviction.
Bon coup de fourchette l'inspecteur, il trouve son compte dans l'assiette abondamment garnie; seule ombre au tableau, qui va faire bondir l'éplucheur de mes notes de frais, monsieur ne boit que du Saint-Emilion et l'aubergiste propose un "Château" réputé de derrière les fagots; un coup d’œil discret sur la page des vins accélère sérieusement mon pouls.
- Vous en boirez bien un petit verre monsieur Laurent?
- Une larme avec le fromage.
Malgré mes tentatives, Loraux parle de tout sauf de notre affaire, ma dépense ne va pas être rentabilisée.
J’ai compris, le policier ne fonctionne bien que l'estomac rempli et la gorge humectée; la dernière bouchée de Saint-Nectaire avalée, le reste de la demi-bouteille de Saint-Emilion éclusée, il daigne aborder le sujet.
- J'ai un faible pour les saints... S.A.I.N.T.S... vous semblez appréciez une autre forme orthographique de ce mot? votre fameux rendez-vous, la belle Carole à un point de vue totalement différent du vôtre, vous alliez entrer dans une nasse, être pris dans un filet... non, je vous fais marcher, trop l'habitude des fausses déclarations, des mensonges par omission, cette demoiselle a peur et je pense que ce coup de feu n'était en fait qu'un avertissement pour l’empêcher d’en dire trop, alors un conseil, n’allez pas la cuisiner comme vous savez si bien le faire, sinon le tireur la fera taire à tout jamais... Remarquez, cette invitation dans sa bonbonnière rose, elle voulait peut-être faire d'une pierre deux coups, sa petite sœur découche actuellement, elle suit des cours du soir avec un professeur d'université, le père Sadoul a du souci à se faire avec ses deux nymphomanes... vous n'avez pas eu le loisir de voir Carole en chemise de nuit? Avec seulement une seule épaule valide et dénudée, elle vous met en transes la demoiselle.
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