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Les Planchettes à la une

- Une dame pour toi.

- La même que tout à l'heure?

- Oh que non, celle-ci a une voix sucrée.

Notre standardiste actuelle adore les sucreries, le chocolat et les pâtisseries, à tel point quelle utilise souvent un adjectif ou un substantif se rapportant à sa passion pour qualifier une personne ou une voix; si elle estime que le boss a de la brioche, ce qui est évident, elle trouve que sa femme est plutôt tarte ce qui l'est moins.

Effectivement, ma correspondante a une voix sucrée, presque liquoreuse et, avant qu'elle ne se présente, je l'identifie.

- Pourrais-je vous rencontrer monsieur Laurent?

Langlois m'avait dit que Carole Sadoul n'hésitait jamais à faire le premier pas, j'entends encore ses paroles: quand elle a un homme dans le collimateur, elle l'ajuste et tire sans sommation.

- J'aurais une révélation à vous faire... concernant la mort de Bébert.

- Quand et ou?

- Demain soir vingt heures c'est possible?

- A Montclair c'est un peu tard.

- Non, près de chez vous, ma sœur est étudiante à la fac de lettres, elle habite un studio au 23 de la rue Lamartine, à la Colombière, vous connaissez le quartier?

Non seulement je connais ce quartier résidentiel mais également l'immeuble, l'un des  plus huppé, le papa de ces demoiselles a du blé.

Comme toujours en pareil cas, j'informe Martine de cette visite programmée chez deux jeunes filles de bonne famille car j'ai de fortes chances de rencontrer au moins l'une de ses fidèles clientes, beaucoup élisent domicile dans ce secteur aux habitations à loyer immodéré.

 

L'adjudant Bertand m'avait promis de me tenir au courant dans le cas d'une perquisition chez Casimir, je supposais que c'était le motif de son appel.

- Une tentative d'assassinat, rien à voir avec notre affaire, du moins je le pense, une jeune femme, Carole Sad...

- Carole? Carole Sadoul? j'avais rendez-vous avec elle ce soir même.

- Oh Merde... pardon... coïncidence ou?

- Son état?

- Hors de danger, heureusement, une balle de carabine dans l'épaule gauche, elle sortait de sa voiture, sur le parking de la supérette, le tireur était en embuscade dans  les bosquets voisins...votre rendez-vous... privé?

- Mon adjudant!... elle devait me communiquer une information sur la mort de Bébert.

- Alors c'est du sérieux... seulement sacré problème, le père Sadoul nous a mis de côté, il a fait appel à la P.J., que faire?

- Coopérez, c'est la seule solution, qui est sur le coup?

- L'inspecteur Loraux, un chiant je crois.

Un chiant en effet j'aurais préféré Olivier. 

- Je prends contact avec ce monsieur, si Carole est en état de parler, il faut qu'elle dise tout, son agresseur est probablement l'homme que nous recherchons.

- Autant vous dire qu'ils sont partis sur une autre piste, le passionnel, Carole a une vie sentimentale un peu mouvementée, une vraie mante religieuse, elle largue aussi vite qu'elle agrafe,  elle a déjà connu quelques déboires physiques par le passé, quelques ecchymoses, mais rien de comparable à aujourd'hui.

- Le tireur était au courant de notre future entrevue, quelqu'un de proche.

- Qu'elle avait averti.

- Sa petite sœur.

- Qui l'a répété sans penser à mal.

- A quel hôpital se trouve Carole?

- Clinique Saint-Antoine, vous voulez essayer de la voir?

- J'aimerais en effet.

- Je pourrais avoir des nouvelles? Le capitaine Maupuits serait preneur.

Il est fréquent que je serve d'intermédiaire entre la police et la gendarmerie, ou le contraire, ce genre de situation m'est quelques fois bénéfique mais ne m'amuse guère car cette "légère" animosité qui perdure n'arrange que rarement le déroulement d'une affaire.



03/05/2012
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