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Le rocher du diable

- C’est un têtu ce Lecouvreur, Francbourg est fatigué, je l’avais prévenu, nous avons l’habitude de ce gaillard, la tête sur le billot, il n’avouera jamais.

Je n’ai qu’une  solution pour faire avancer l’enquête c’est  de tout déballer à Marchaux.

- Et vous pensez que madame Duchet est la maîtresse de cet affreux jojo ? la boucle d’oreille, c’est peut-être à elle ? et elle avait des contacts avec Léonardin, depuis deux ans ? comme on peut se tromper.

J’évite de parler du billet reçu et de son contenu, pour moi l’énigme est résolue et je crois savoir qui l’avait envoyée, il a payé de sa vie le fait d’avoir deviné, les pêcheurs sont souvent des témoins visuels ou auditifs, ils sont tellement discrets, s’intègrent dans la nature.

- De quoi redonner  courage à mes officiers, mais dites-moi, vous avez passé des heures sur le cas Léonardin, c’est votre façon de travailler ?

L’adjudant touche un point sensible, j’ai tout de même quelques scrupules à avoir consacré un sacré bout de temps à cette affaire, seulement,  si comme je le présume plusieurs personnes sont impliquées dans les meurtres de Léonardin et de Perrotot, si ces meurtres découlent d’une sorte de complot, j’aurais de la matière première pour les jours à venir.

- J’allais oublier, la voiture du Parisien ?

- Elle est à l’abri dans un garage de Balermont pourquoi, sa fille la réclame ?

- J’aimerais savoir si elle a des rayures, comme je viens d’en récolter des splendides sur la mienne.

Je parle du chemin et des difficultés pour en ressortir.

- A qui le dites-vous, nous aussi avons eu des ennuis sur cette maudite route, quel cirque pour ressortir de ce piège, notre fourgon est dans un bel état, enfin il arrive au bout de son temps, la seconde fois nous nous sommes permis de traverser la propriété de votre amie, avec son consentement bien entendu... Allons voir le véhicule du Parisien, c’est tout près d’ici.

 

- Un bon chauffeur, une seule griffe et  légère...le rétro de droite, encore replié.

- J’ai également oublié de remettre le mien en place.

- Et la roue arrière droite, cette boue sèche, blanchâtre.

Nous sortons pour comparer, j’ai aussi une trace de boue de la même couleur sur la roue arrière droite, mais elle est fraîche, le fourgon des gendarmes est encore plus maculé.

- Il a reculé dans le chemin, a fait la même manœuvre  que nous, mais il a récolté bien moins de rayures.

- Qui ? l’assassin, ou son complice ? Léonardin devait être mort.

- Hubert Fontan, c’est probablement lui qui avait pris le volant, c’est un expert, il participait à des rallyes autos dans les années 80...

- Et la bagnole de Lecouvreur ?

- Alors la pauvre, elle est rayée comme un zèbre et la boue cela le connaît, au sens propre comme au figuré...en parlant de boue, vous avez lu ?

Le gendarme me tend un journal que je reconnais rien qu’à l’odeur, la lecture du titre étant superflue.

- Alors eux, ils en rajoutent, vous êtes un enfant de chœur à côté, « le mystère de la falaise, le saut de la mort, l’homme probablement victime de la vengeance d’une femme ;  vingt cinq ans après, le miracle ne s’est pas reproduit ». Ils ont même retrouvé l’un des rescapés de la première chute, un brave octogénaire, je crois que c’est un ancien architecte, vous lirez, c’est dingue ce qu’il raconte, un véritable roman noir, c’est la belle-sœur de mon épouse qui nous a prêté ce torchon.

Curieux, ce genre d’hebdo connaît un tirage record mais personne ne l’achète, c’est par hasard qu’il est entre les mains de nombreux lecteurs, c’est toujours un parent ou un ami qui le confie.

 

 

 

 



26/09/2011
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