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Le rocher du diable

L.R. ? Où et comment Liliane Duchet née Roche habitant Balermont aurait rencontré Jacques Léonardin résidant à Courbevoie, l'ingénieur n'était pas revenu à l'hôtel que je sache ;  la description, le parfum...bon, de nombreuses femmes ont le même look et s'aspergent d'un parfum fort...Roche, voilà le morceau du puzzle qui  manquait au rébus, le rocher ne collait pas vraiment... un bec et une roche ? Maurice et Liliane... L'étourdie qui sème des indices, un mouchoir par ci, une boucle d'oreille par là...faut le prouver.

 - Je parie que tu lui plairais.

-A qui?                                                                                                                      

 Je résumais le résultat de mes cogitations à Benoît, je lui avais laissé le volant au retour pour me consacrer à mes réflexions.

- Tu es carré d'épaules, un menton volontaire, il suffirait que tu gardes une barbe de plusieurs jours, que tu oublies de te coiffer.

- Et je me fais jeter par Elodie, non, merci, vieux, si tu as besoin d'un cobaye trouve une autre poire...comment est-elle cette Liliane ?

- Albertine et Liliane complices, la première fréquente épisodiquement Hubert, la seconde régulièrement Maurice mais pourquoi avoir supprimé Jacques ?

- Le Francilien pensait être le seul amant de Liliane, un exclusif, il vient sur place et constate que l'aubergiste a un bon appétit sexuel et un autre jules, il menace de mettre les pieds dans le plat, de tout dévoiler au mari... il faut le faire disparaître.

- Non, cette version me déplaît, il y a autre chose derrière tout cela.

- A part le sexe, il te reste le fric.

- Oui, le fric.

 

L'annonce concernant la trouvaille de la créole venait de paraître pour la deuxième fois, personne ne s'était manifesté, Yves se proposait de tripler la mise, avec l'accord des gendarmes je lui conseillais de suspendre.

 

- Mis à part le retrait de cinq mille francs, aucun mouvement de compte, le notaire que je vois régulièrement  ne m'a signalé aucun testament, je prends possession des biens de papa dans leur globalité, en fait l'appartement de Courbevoie, le mobilier, plusieurs bijoux qui appartenaient à ma grand-mère, des comptes épargne et quelques titres...à propos des cinq mille francs, les gendarmes les ont gardés ?

- Pour leur caisse noire, de quoi faire la  fête en fin d'année...non, je plaisante... le portefeuille et ce qu'il contient font partie des pièces à conviction, vous récupérez le tout plus tard après un procès éventuel...

La mise en examen de Maurice Lecouvreur me permettait de continuer à travailler sur l'affaire et de retrouver Balermont. J'aimerais revoir Liliane en tête à tête, même si je suis loin d'avoir le profil d'un Cro-Magnon, je crois que j'ai un ticket avec elle, d'ailleurs si comme je le pense, elle a fréquenté Jacques c'est qu'elle a des goûts éclectiques.

- Liliane est en courses et doit reprendre Karine aux Barrettes, pour quelles raisons vouliez-vous lui parler ?

Soupçonneuse madame Duchet 'grand-mère', elle  connaît les habitudes de sa belle-fille.

 

Ce rocher doit avoir des pouvoirs magiques, une sorte de magnétisme qui attire, inconvenant de transiter par la ferme des Barrettes, je risquais d'être mal reçu par la maîtresse des lieux, je prenais donc la route d'Auzémont puis bifurquais sur la droite, le chemin était carrossable, normalement il devrait me mener  à l'enclave.                  

 Mon sens inné de l'orientation était une nouvelle fois confirmé, à la sortie d'un virage, le rocher du diable m'apparaissait, de profil, encore plus impressionnant que de l'autre côté.

Je me gare comme je peux, les fossés bordant le passage sont profonds, un coup de volant malencontreux serait calamiteux ; comment vais-je faire demi tour ? nous verrons bien tout à l'heure.

Je cherchais de quelle façon approcher l'énorme masse rocheuse, un fouillis inextricable de ronces et d'arbustes rabougris  empêchait toute pénétration directe, je revenais sur mes pas, remontais dans le sentier. La meilleure solution semblait être un détour par la forêt... en effet, je réussissais à progresser, gardant en point de mire le promontoire.

C'est en arrivant en haut d'un raidillon que j'apercevais une forme blanche perchée sur le rocher du diable, Océane et son chevalet. Comment approcher d'elle sans l'effrayer ? crier mon nom ? ce serait sûrement le meilleur moyen de l'apeurer.

Je dois lui couper la retraite, faire le tour d'un taillis épais et revenir par derrière.

Je craignais  m'être égaré mais je me retrouvais sur un layon praticable, quelques mètres de descente et Océane était visible.

La dame sursautait, me regardait d'un air effaré.

- Vous...si je m'attendais, vous êtes passé par Auzémont je présume, vous vouliez me parler ?

Toujours aussi irréelle l'artiste, et là, sur ce rocher, dans une lumière mouvante diffusée à travers le branchage, elle semble flotter dans l'air.

- Ne regardez pas s'il vous plaît, je ne découvre pas mes œuvres avant qu'elles soient entièrement terminées...c'est à dire jamais...

- Mais c'est très...



22/09/2011
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