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Le rocher du diable

L'audition d'Océane n'apporte rien de plus, elle maintient sa version, confirme ce qu'elle m'avait déclaré.                                                                                                                           

- Il est évident que si Léonardin est mort au pied du rocher du diable, pourquoi ce détour entre le bureau de poste et le plateau ? éventuellement pour rencontrer le destinataire des cinq mille francs ?

- La rencontre n'aurait pas eu lieu.

- Ou alors c'était une très mauvaise rencontre.

Quant à Sylvain, impossible de le confondre, lui aussi maintient sa version en nuançant un peu.

- Préoccupé par sa panne, il avoue ne pas avoir fait attention en passant devant le parking et  déclare finalement qu'il était possible qu'un véhicule soit garé à cet endroit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les examens effectués sur le corps exhumé de Jacques Léonardin étaient particulièrement délicats.

- Rien de probant au stade actuel, une nouvelle étude est en cours, le laboratoire n'a fait aucun rapport officiel...du côté des piquets de fer, c'est différent, l'analyse des particules de terre récoltés sur la partie basse des trois sujets traités ont été concluants, celui qui a servi d'arme présente des souillures identiques à celui que nous avons déterré près du rocher du diable, je vous passe les détails techniques, la composition exacte des traces de terre, j'admire mes collègues spécialisés mais je ne comprends pas grand chose à leurs conclusions qui ressemble aux diagnostics médicaux.

- Malgré son séjour dans l'eau, il restait des traces ?

- Faut croire, ces messieurs-dames en blouse blanche nous étonneront toujours, et nous sommes loin d'être au bout dans ce domaine, bientôt toutes les enquêtes vont trouver leur épilogue entre les quatre murs d'un laboratoire, adieu les braves policiers qui marchaient au pif.

 

Je savais que je trouverais Maurice Lecouvreur au café du Commerce, Marchaux m'avait renseigné sur les habitudes de leur meilleur client dominical.

- Il faut le voir absolument avant midi, sinon après c'est trop tard, vous ne pourrez plus rien tirer de lui.

En plus de l'appréciation de la jolie Karine, Maurice, l'homme des cavernes m'avait été décrit sommairement mais les informateurs avaient oublié l'essentiel, il cachait une infirmité sous une épaisse moustache. Dès les premiers mots recueillis, je comprenais que ce colosse hirsute avait ce que l'on nomme un bec de lièvre...tombé sur un bec, voilà encore une partie du rébus, je crois que je tiens le bon bout.

- C'est pour me demander si j'ai bien véhiculé ma frangine le jour de la mort de l'ingénieur volant que vous vouliez me voir ? quel rapport avec la chute ? Le pont, c'est moi, j'avoue, j'étais beurré ce jour-là, je me suis foutu dedans en rentrant avec le tracteur, au lieu de tourner à droite, j'ai pris sur la gauche, remarquez j'ai toujours tendance à aller vers la gauche, quand je vote c'est pareil, j'aime pas la droite...putain quand je me suis aperçu que j'étais sur les terres de la belle Titine, c'était trop tard, les pierres s'effondraient, vite marche arrière toute et...

En train de noyer le poisson le moustachu.

- Vous n'étiez pas beurré le jour de l'accident mortel, vous avez conduit votre sœur sur le plateau vers seize heures trente mais vous aviez déjà fait un tour sur ce même plateau un peu avant.

- Vous êtes flic vous, je vous croyais journaliste... un tour sur le plateau avant de conduire ma frangine ? possible et même si c'était vrai allez donc le prouver...

Lecouvreur se retournait vers le comptoir, aspirait un nouveau verre de rouge poussé par la barmaid 'pot de peinture' et se plaçait de profil.

- Vous vous croyez malin, vous les journalistes, vous pensez que c'est moi qui ai zigouillé le Parisien, mais allez donc le prouver...

 

- Voilà, j'ai amorcé la pompe, espérons que notre plan est bon.

Je venais de faire un compte-rendu à l'adjudant Marchaux concernant le déroulement de  l'entrevue avec Maurice.

- De nombreux clients étaient présents vous dites, ils ont tout entendu ?

- J'ai fais un effort pour parler plus fort qu'à mon habitude, quand à votre fameux Maurice il a une voix nasillarde qui ne peut se confondre avec aucune une autre ...allez donc le prouver...

- Bonne imitation, à s'y méprendre mais vous devriez avoir honte de vous moquer ainsi des infirmes...

- Je peux savoir ce que vous comptez faire à présent?

- J'ai deux hommes en faction en face de la porte du bistrot, vous les aviez remarqués ?

- Non, ils sont bien dissimulés.

- Dès que le poivrot montera dans son véhicule, ils interviennent et le font souffler dans le ballon, le résultat sera évident, il suffira d'enlever la clé de la voiture et d'inviter l'ivrogne a regagner la ferme à pied, trois kilomètres, il fait ce chemin régulièrement ; j'ai l'impression qu'avant son arrivée à l'Epinaie, il sera intercepté par une ou plusieurs personnes qui sont au courant de ses déclarations à la presse.

- Et qui craignent des révélations plus concrètes à la prochaine interview ?

- Exact.

- Mais si Hubert Fontan est dans le coup, il peut attendre le retour de son beau-frère à la ferme, il sera plus vulnérable.

- Si il arrive malheur à Maurice dans la propriété, Hubert sera le premier suspecté.

- Vu sous cet angle.

 

Echec, la mise en scène pour essayer de surprendre un éventuel assassin a échoué, du moins rien ne s'est passé lors de la promenade au clair de lune de l'ami Maurice, il n'a opposé aucune résistance, a gentiment donné les clés aux gendarmes et a pris la route de la ferme à pied.

- Il a bien fait cinq bornes en tout avec les zigzags.

Seulement, une visite du coffre de sa voiture a apporté un sérieux indice.

- Des petits dépôts de rouille sur le tapis, que nous avons ramassés délicatement et expédiés au laboratoire.

- C'est tout ? je suppose que vous en avez profité pour passer le véhicule au peigne fin, d'autant plus que c'est un diesel.

- Vous voulez prendre ma place, faudrait que je demande au capitaine...bon je vous balance une information mais évitez de l'exposer, attendez le feu vert de mon chef, sinon je risque de prendre un carton rouge... rien d'autre qu'un petit dépôt de rouille sur le tapis du  coffre à part une boucle d'oreille retrouvée dans l'habitacle, sous le siège passager, une créole, vous voyez ce que c'est.

- Jolie et bien bronzée...elle appartient à Océane probablement.

- Elle aurait dû, mais non, nous avons posé la question à madame Fontan.

- Ce Maurice est un bourreau des cœurs, plusieurs femmes m'ont parlé de lui dans des termes que je n'ose répéter.

- A ce point, et vous  fréquentez encore ces drôles de dames...c'est exact, il a une certaine renommée, nos compagnes sont tout de même bizarres, enfin tant mieux pour lui, et pour nous, les agressions sexuelles sont moins fréquentes,  les ratés physiquement sont assez portés sur la chose, une sorte de compensation de la nature, certaine femmes le savent alors que d'autres continuent à s'extasier devant des beaux mecs bien souvent déficients...

- Cette créole a de la valeur ?

- Quand vous avez une idée dans le ciboulot...or presque pur, un très bel anneau, de la valeur ?oui certainement... je vous raconte la suite, de toute façon, si vous lisez votre journal à fond vous verrez paraître l'annonce.

- Une boucle d'oreille a été trouvée dans la voiture d'homme suspecté d'assassinat, s'adresser à la gendarmerie, c'est cela.

- Vous avez une réaction primaire à notre égard monsieur Passy, nous avons envoyé une personne neutre, en l'occurrence la fille d'un gendarme déposer le bijou au bureau des objets trouvés de la mairie de Balermont.

- Et vous pensez que ce bureau va faire paraître une annonce dans nos colonnes ?

- Normalement...

- Je doute que cela se fasse systématiquement, essayez de trouver une autre solution, en passant éventuellement par le correspondant local.



17/09/2011
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