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Le rocher du diable

- C’est cette affaire de Balermont qui te chiffonne ?

Martine est intuitive comme toutes les femmes et puis je la tiens au courant de mes pérégrinations, d’ailleurs elle est souvent de bon conseil.

- Comme bien souvent, une femme est au cœur de cette affaire, à ton avis, laquelle, Albertine ou Océane ?

- Si ta cavalière dit la vérité en ce qui concerne le terrain, elle ne peut être l’instigatrice du meurtre, si elle ment, et c’est fort possible, c’est différent, essaye de trouver une faille dans son récit, cette histoire de rivalité entre voisins qui se règle au coup par coup dans un lit ou au fond d’un bois est originale,  que venait faire le pauvre chef de chantier entre ces deux êtres aux mœurs d’un autre âge ?

- Océane, comment la vois-tu ?

- Jolie, mystérieuse et jolie, elle te plaît cette artiste, quand tu parles d’elle, tu prends un air détaché comme si elle ne t’intéressait pas le moins du monde,  c’est une attitude révélatrice, je te connais trop bien mon ami.

- A part cela madame ma détective privée.

-  Jacques  est un homme intelligent, rapidement, il s’aperçoit qu’il fait fausse route avec Albertine, il a dû découvrir qu’elle n’est pas une oie blanche, le rendez-vous avec Océane est éventé, les assassins veulent qu’il n’ait jamais lieu.

- Déduction logique, et d’après toi, qui sont les assassins ?

- Hubert et Albertine plus un complice éventuel.

Un scénario plausible, le complice pourrait être Maurice, le frère d’Océane.

Marchaux vient de me signaler qu’Océane est convoquée dans son bureau, que le capitaine Allarig voudrait lui demander des explications concernant le rendez-vous manqué.

- Nous avons agi avec doigté, nous en sommes capables, de votre côté, éviter de parler de cette prochaine audition, si nous recueillons des renseignements autres que ceux que vous connaissez, vous serez informé.

 

Sylvain a tenu parole, ce garçon que je soupçonne de m’avoir menti ou d’avoir oublié certains détails m’appelle et me passe son copain Eric.

- Maman est d’accord  pour parler de Jeannot avec vous, quand vous voulez.

 

D’origine Polonaise, Maria s’exprime dans un français à l’intonation slave que je trouve agréable.

- Bon homme il était Jeannot, toujours lui content, très gentil avec enfants de moi.

La brave dame laisse couler de grosses larmes sur ses pommettes saillantes.

- Lui aimer pêche et pourtant jamais manger poisson, mais moi j’adore poisson.

J’apprends que les retrouvailles entre le chef de chantier et le comptable avaient été chaleureuses.

- Jeannot bien content de revoir le monsieur ingénieur, eux parler très longtemps sur la terrasse.

Eric vient à la rescousse.

- J’ai entendu ce qu’ils se disaient, j’étais dans ma chambre, la fenêtre donne dans le jardin, leur conversation tournait autour de l’accident des réservoirs, monsieur Léonardin  soutenait que le sabotage avait été commis à cause des détournements de bois, mais Jeannot n’était pas d’accord, il parlait de la vengeance d’une femme et disait que c’était un autre qui était visé.

- Mario ?

- Voilà, ils ont prononcé ce prénom, plusieurs fois.

- Et monsieur Perrotot a avancé un nom ?

- Pour la femme ? non, il a parlé de jalousie, le visiteur était certainement contrarié, il se taisait souvent.

«  J’ai eu envie de le tuer ! » Quand Albertine avait prononcé cette phrase, sa colère  resurgissait, vingt-cinq ans n’ont pas effacé la rancœur d’une femme humiliée. Le madrier scié devait céder sous le poids de Mario et non sous celui de Jacques, une erreur des assassins.

 

L’ancien maçon est à l’œuvre dans son garage.

- Je vais me faire un petit grenier, tellement de bric à brac à ranger.

Ma question le rend songeur.

- En réfléchissant, c’est bien possible que ce soit le beau Mario que le saboteur voulait envoyer dans un autre monde, d’habitude, quand il y avait une inspection, c’est lui qui guidait  les contrôleurs, ce jour-là c’est le patron lui-même qui est monté, pourquoi ?

 

- Encore vous !

Je me doutais qu’une visite à l’improviste dérangerait la patronne du centre équestre, si, comme je le suppute, elle est impliquée dans le premier accident et probablement dans le second, cette dame à une réaction conforme à la logique. Ce sera difficile de la prendre en défaut et de toutes façons ce n’est pas mon problème, les enquêteurs ont suffisamment d’atouts en mains pour venir fouiner sur les terres des deux fermes contiguës.

 

  

Albertine est tout de même polie, elle m’invite à la suivre vers les écuries.

- Alain est absent, il est partir reconduire un pensionnaire chez son propriétaire, huit mois que ce monsieur ne règle pas la pension, cela suffit, nous ne sommes pas un organisme caritatif.

Une jeune femme sort d’un box, je reconnais l’une des deux promeneuses que guidait Alain lors de ma première visite.

- Karine Duchet, vous connaissez sa maman et sa grand-mère.

Sans cette présentation, jamais je n’aurais imaginé que cette grande jeune fille blonde et svelte soit la petite-fille de l’aubergiste et la fille de Liliane.

- Mais puisque vous êtes là, puis-je vous demander un service, je devais reconduire Karine à Balermont, c’est votre route.

- Si mademoiselle Duchet est d’accord.

Karine est d’accord, elle m’a toisé, jaugé ; comme chauffeur, je dois convenir à cette demoiselle.

Cette décision est un excellent moyen pour me montrer la sortie des Barrettes, la maîtresse des lieux n’a aucune envie de me supporter plus longtemps, elle me le fait comprendre d’une manière élégante.

- Laisse Karine, je donnerai un coup d’étrille à Loustic, monsieur Passy est un homme pressé. 

 



13/09/2011
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