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J'essaye de reprendre le fil de l'affaire, Océane fixe un rendez-vous à Léonardin au-dessus de la falaise, cela semble plausible.  Quand elle arrive sur le promontoire, l'ingénieur avait déjà fait le grand saut, peut-être assommé suite à une chute depuis le rocher du diable, le portefeuille n'est pas venu tout seul dans la crevasse...quoique, l'assassin pouvait le perdre après l'avoir subtilisé...Océane doit être la clé du mystère, qui est coupable ? son mari ou son frère, ou bien les deux,  fous de jalousie, une première fois il y a vingt cinq ans, quand la jeune artiste a couché dans la chambre d'hôtel de Jacques et la seconde avant la rencontre.

L'enquête sur la mort de Jean Perrotot piétine, aucun motif réel à part le fait que la victime avait rencontré Léonardin. Je tente en vain d'avoir un entretien avec la compagne du pécheur, une dame  d'une cinquantaine d'années, divorcée, mère de deux grands enfants, un garçon et une fille. Un coup de fil à la gendarmerie, Marchaux me donne une explication sur le comportement de cette femme.

- Des calomnies se répandent, disant que mère et enfants auraient organisé la mort de l'ancien comptable, profitant des circonstances, difficile de prendre cela au sérieux, la retraite et une pension militaire de l'ancien comptable faisaient vivre confortablement la famille.

- Et le promeneur aux alentours de la rivière ?

- Attendez, je vous passe le capitaine Allarig, il est chez nous, justement il voulait vous contacter.

- Le promeneur vu par un cycliste ? malgré nos appels, il ne s'est pas manifesté ce qui prouverait que sa présence était suspecte, nous continuons dans cette voie sans négliger les autres. Concernant la barre de fer coupable, c'est un piquet de clôture, vous savez ce genre de piquet servant à maintenir un grillage autour d'un jardin.

- Préméditation alors ?

- Je vois mal un type se promener avec un piquet de fer sur l'épaule et cogner sur le premier pêcheur venu, oui, la préméditation semble évidente...une chose qui va vous faire plaisir, cette découverte au niveau de la façon dont serait mort l'ancien comptable  pourrait rouvrir l'enquête sur l'accident de Léonardin, une exhumation pourrait être demandée, le juge qui vient d'être désigné dans l'affaire Perrotot estime que les deux décès sont liés.

- Cette information peut donc être divulguée puisque vous me la confiez ?

- Oui monsieur.

- Le nom du juge s'il vous plaît?

- Ah ! je crois que vous allez grogner... Berton...

- Berton ! j'ai d'assez bonnes relations avec lui.

- Tant mieux pour vous, vous ne trouvez pas qu'il préfère travailler avec nos amis d'en face, ces chers policiers ?

- Je vais vous surprendre, mais vos amis d'en face disent la même chose, ils sont persuadés que ce juge vous accorde des privilèges.

Difficile d'échapper à cette petite guerre entre gendarmes et policiers, malgré une bonne entente souvent déclamée de part et d'autre, quelques couacs se manifestent encore.

- Mademoiselle Léonardin est déjà prévenue ?

- Pour l'analyse ? bien entendu, nous avons des règles déontologiques monsieur Passy, la famille d'abord.

J'avais confirmation le soir même, Véronique m'appelait chez moi.

- Vous m'avez confié votre numéro personnel, sans abuser je me permets...cette nouvelle me taraude vous ne pouvez savoir, j'y pense sans cesse, je n'arrive plus à dormir, c'est atroce, je me demande si j'ai bien fait de vous contacter, papa est mort, il va être dérangé dans son repos éternel ... excusez-moi...

Je cherche une occasion pour revoir Albertine et son domaine, afin de demander à la cavalière si elle était courant du désir de son ami Jacques d'acquérir l'enclave communale,  savoir aussi ce qu'elle pense de la prochaine exhumation du corps et puis,  une envie secrète  d'aller rôder dans le secteur, au pied du rocher du diable, dans l'espoir de découvrir ce que les gendarmes ont éventuellement oublié et, comme bonus...apercevoir Océane.

Polie la cavalière, mais sans plus.

- Venez quand bon vous semble, si je suis absente, Alain vous guidera vers ce fameux rocher.

- Saviez-vous que l'ancien chef de chantier avait l'intention d'acheter la parcelle communale située au bout de votre domaine ?

Un court silence au bout du fil.

- Vous pouvez venir demain en début d'après-midi ?...non, je vous attends pour déjeuner, Sylvia est une excellente cuisinière, aimez-vous le coq au vin ?

Rien ne vaut une attaque de front avec ce genre de femme, mais que cache cette subite et aimable  invitation ?