Le pèlerinage
Le pèlerinage
-Tu as le temps n’est que six heures et quart, les camions ne partent pas avant sept heures et il y a souvent des retardataires.
Roger était pressé, il allait enfin sortir. Non pas qu’il s’ennuyait, mais il avait envie de voir un autre horizon que celui des collines et des forêts qui entourent le village.
Il s’était inscrit pour le pèlerinage à Benoîte-Vaux organisé par monsieur le curé, les années précédentes, c’est sa grand-mère qui y allait.
- J’ai trop mal aux jambes et je suis malade dans le camion, tu diras des prières pour nous, n’oublie pas ta musette.
Le rendez-vous était donné place de la mairie, les deux camions du marchand de bois allaient véhiculer les pèlerins jusqu’au hameau dédié à la Vierge Marie, presque deux heures de route.
Naturellement, Roger était le premier sur la place, il ne faisait pas tellement chaud ce matin de septembre, un léger brouillard nimbait la vallée.
-T’est déjà là gamin !
Madame Moret n’était pas en retard non plus.
-Je veux monter dans le petit camion, l’autre est encore plus inconfortable, dire qu’avant cette guerre, nous y allions en voiture, mon mari et moi.
La brave dame se lamentait sur son sort, son époux prisonnier, son fils handicapé.
-J’en ai des prières à faire à la Sainte Vierge.
Un groupe de personnes arrivait, parmi elles, Roger reconnaissait Jacqueline, la jolie fille du maçon.
-C’est la première fois que tu fais ce pèlerinage, Roger ? Je te servirai de guide.
La journée commençait bien, la compagnie de Jacqueline plaisait au jeune homme.
Un bruit de moteur, un premier véhicule arrivait.
-C’est le petit !
Monsieur le curé était arrivé lui aussi.
-Les hommes et les jeunes monteront dans le deuxième camion, sauf Jacqueline qui accompagne sa grand-mère.
Déception de Roger.
L’engin était poussif, il marchait au gazogène, une odeur désagréable envahissait la caisse.
-A cette vitesse-là, on n est pas près d’arriver, se plaignait Monsieur Marlier, le chantre.
Pour détendre l’atmosphère, le curé entonnait un cantique spécifique au pèlerinage. Peu d’enthousiasme parmi les ouailles, le bruit du moteur couvrait les voix.
Enfin l’arrivée à Benoîte-Vaux où de nombreux véhicules étaient rangés sur le bord de la route.
Roger se précipitait vers l’autre groupe, Jacqueline avait fait un bon voyage, elle était rayonnante.
Quelques obligations, passer à confesse et ensuite assister à la messe en plein air.
-Nous allons manger dehors !
Le soleil était assez chand pour piqueniquer, seules les vieilles dames allaient s’installer sur une table parmi celles des nombreux cafés.
Roger remplissait deux bouteilles d’eau de la source miraculeuse, sa grand-mère lui avait demandé.
L’après-midi, se déroulait le chemin de croix tracé dans la nature autour de la fontaine, une longue file de fidèles suivaient l’évêque et les prêtres.
Quelques achats de médailles, d’images pieuses et en route pour le retour.
Il manquait une personne, madame Louis, les jeunes étaient désignés pour la retrouver.
Elle était perdue la brave dame, ne savait plus où étaient garés les camions.
C’est à mi-chemin, alors que le petit camion avait pris ses distances, qu’une patrouille allemande bloquait la route.
-Tous descendre schnell !
L’officier avait l’air mécontent.
Les soldats montaient dans la caisse, regardaient sous les banquettes, les sacs et les musettes étaient balancés sur la route.
Le chef, coiffé d’une casquette trop grande pour lui et chaussé de bottes noires était menaçant, il toisait chaque passager avec dédain. Roger ne baissait pas les yeux, ce qui énervait encore plus cet excité.
-Deux hommes évadés, vous avez vus ?
Personne n’avait vu d’hommes au bord de la route.
Monsieur le curé commençait à s’énerver aussi.
-Messieurs, votre recherche est terminée, nous avons encore des kilomètres à faire et la nuit va tomber, le camion n’a pas un éclairage puissant.
Tout en grognant, l’officier acceptait que les pèlerins remontent dans le camion et reprennent la route.
C’est dans le bois des Geais que deux ombres faisait signe au camion de stopper.
Les hommes recherchés par les Allemands étaient des prisonniers évadés, ils cherchaient à rejoindre la gare la plus proche pour rejoindre la capitale.
Les voyageurs leur laissaient un peu de place et leur donnait la nourriture qui restait dans les bagages.
Le chauffeur faisait un petit détour pour déposer les fuyards à proximité de la gare de Lermont et leur donnait des conseils.
-Il y a des wagons chargés de bois pour la Normandie, ils passent par Paris, vous pourrez vous y planquer.
(Histoire vraie un peu romancée)
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