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Le moulin des ombres (fin)

- Tu es revenu, enfin !

Benoît guettait mon retour, il était surexcité.

- Ce sont les promenades à la campagne qui te donnent ce tonus.

- Tu devrais m’emmener plus souvent lors de tes randonnées champêtres, tiens, j’ai quelque chose d’intéressant à te montrer...tu m’avais dit qu’en principe le proprio du moulin était absent quand nous j'ai pris des photos derrière chez lui?

- Il devait être à sa clinique.

- Regarde cette photo, toi qui a des yeux de lynx, que vois-tu?

- Un pan de mur et des fenêtres, un toit et des cheminées.

- Examine attentivement les vitres.

Derrière les carreaux d’une fenêtre du premier, un visage se remarque.

- C’est un homme, prends cette loupe.

Sans aucun doute, ce n’est pas la dame Delvaux.

- Fabien Mangoni! Il attend des jours meilleurs pour sortir de sa cachette, tu peux faire un agrandissement de ce cliché?

- J’y cours.

 

L’agrandissement est probant, l’homme se tient un peu en retrait, curieux, mais imprudent, il voit certainement Benoît sur la passerelle, sa curiosité va lui coûter cher.

 

Je force la porte du capitaine Verlet et lui montre l'agrandissement.

 - Investir le moulin et le passer au peigne fin, c’est une solution mais avant d’avoir l’autorisation, l’oiseau peut s’envoler, le mieux serait de trouver rapidement un moyen efficace pour le faire sortir de sa cachette.

 

Un moyen découlant d’une bonne idée, nous étions invités, Benoît et moi à une mise en scène astucieuse.

Dès le lendemain, à huit heures du matin, un déploiement de force impressionnant débarquait à Lannois, véhicules de l’équipement,  pompiers de Saint-Julien,  gendarmes et  ambulances. Un appel avait été lancé, un produit hautement toxique avait été déversé dans la rivière par accident, les riverains risquaient de graves ennuis physiques,  particulièrement les occupants du moulin en raison de la concentration de l'eau. 

Monsieur le maire était dans le coup, accompagné de gendarmes, il allait frapper à la porte du moulin. Vêtus de blouses blanches pour être dans le décor, nous étions postés en face, dans l’espoir de voir sortir un inconnu. Isabelle se précipitait à l’extérieur, tenant Sultan en laisse et c’est de la porte du garage qu’une ombre sortait et se faufilait vers le bosquet d’arbrisseaux, un militaire fonçait sur ses trousses mais le chien était plus prompt, s’échappant, il courait à la poursuite du fuyard. L’homme s’était jeté à l’eau, en aval du moulin et entreprenait la traversée, Sultan, échappant à sa maîtresse le rejoignait  avant qu’il  atteigne la berge opposée et l’attaquait violemment.

- Sultan, au pied.

Je ne pensais jamais que mon appel serait suivi d’effet,  la brave bête abandonnait sa proie et revenait vers moi. Ma blouse blanche était maculée de boue et de sang. Isabelle Delvaux était effarée, elle était propulsée dans une ambulance sans comprendre. Fabien Mangoni était remonté sur la berge dans un triste état. Sultan baissait la tête comme se sentant responsable d’une bêtise.

- Qu’allons-nous faire de cet animal?

La réponse allait arriver, Sultan me lâchait les basques et sautait dans la rivière.

- Je crois qu’il a trouvé un nouveau maître.

Norbert l’attendait, le flattait et les deux amis remontaient le chemin en courant.

 

Roger Delvaux avait été interpellé à sa clinique ; Jane Galway, alias Marie Plessy ne tardait pas à rejoindre Fabien. C’était mon inconnue du square Verdi qui avait organisé ce montage astucieux, elle avait connu Fabien Mangoni à Montréal, ils avaient commis de nombreuses escroqueries en Amérique du Nord. C’est encore l'aventurière qui avait entraîné le malchanceux Claudio Mangoni dans une spirale infernale qui devait se terminer au fond du bief. A ce crime, les Delvaux voulaient ajouter la disparition de Marie-Louise Schuller, grosse fortune qui aurait bien arrangé les affaires de la clinique et surtout celles de son gérant. Madriers enduits d’une substance glissante, porte laissée ouverte intentionnellement, phénomènes paranormaux destinés à déstabiliser la dame. C’est Fabien qui jouait au revenant, il rendait service et en même temps trompait son ennui.

 

La reconstitution du crime de Claudio fut laborieuse, les complices se rejetant la paternité du  coup fatal. C’est avec un fer de golf que l’Argentin avait été tué avant d’avoir le cou serré et attaché à la meule. Je me souvenais du geste de Roger armé de son club, un expert en la matière. Le choix de la corde et du lest revenait à Fabien, en cas de découverte, le rapprochement entre la mort du père et celle du faux fils ne ferait aucun doute aux yeux des enquêteurs, le crime aurait pu être parfait. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



12/04/2011
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