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Je vais faire part de mes pensées à mon ami Gobert.

- Louis Girard, j’ai de rares contacts avec ce monsieur et à chaque fois c’est dans des circonstances défavorables, dépôt de terre sur la chaussée que monsieur ne daigne enlever, chien dangereux en liberté, feux de paille dans sa cour qui empoisonne l’entourage, animal crevé qu’il oublie de faire enlever, un drôle de citoyen.. C’est le frère d’Annie Lemoine...Une fille, oui, je crois bien, attendez je demande à un ancien de la brigade.

Une gendarme ventripotent nous rejoint.

- Louis? Deux filles, une mariée depuis une dizaine d’années, l’autre plus jeune encore à la ferme, c’est tout ce que je sais, rien ne filtre à travers son mur de Berlin.

- Merci Walter... nous allons voir de ce côté, nous avions pensé à un maçon, à un professionnel, nous avions oublié les amateurs.

- Un magasin de sports cambriolé dans les environs, avant mars.

- Encore un rébus monsieur Passy, à Saint-Julien le mois dernier, les voleurs ont été cravatés le butin récupéré dans sa totalité, un stock de baskets et des survêtements.

- Et à Nantilly?

- Avant mars dites-vous? je vais me renseigner.

L’adjudant évite de me poser des questions, j’évite de lui en dire plus sur ce point, par contre je lui parle des deux fractures de Fabien.

- Aucune fracture mentionnée je vous le confirme, maintenant il se peut que de telles lésions subies à l’âge de dix ans ne soient plus visibles, je vais en avoir le cœur net.

La conversation téléphonique est brève.

- J’ai pris un savon, ils ont décortiqué chaque partie du corps, la moindre fracture ne pouvait leur échapper, vous êtes certain que la chute du gamin avait provoqué des cassures aux doigts? ...Comment le savoir,  il faudrait questionner sa grande sœur.

- Et si vous avez confirmation, le cadavre ne serait pas celui de Fabien.

- Pour les filles Girard, essayez de mieux les connaître, voyez cela avec la petite Lemoine, depuis que vous l’avez culbutée sur la route, vous avez vos entrées à la ferme du Haut-Château.

- Vos services d’espionnage sont efficaces.

- Les garagistes et réparateurs de cycles et motos sont bavards,  ils ont souvent des petites choses à cacher, ils les masquent avec des récits intéressants pour nous. La petite Mélodie peut avoir entendu des mots ou des phrases ayant un rapport avec ses cousines. 

- Joli ce foulard, c’est de la soie?

- Cela fait plus de deux mois que je possède ce carré, je le porte  régulièrement  et voilà seulement que tu le remarques, aurais-tu quelques mauvaises actions à te faire pardonner.

Martine est surprise, moi aussi, ce dessin bien particulier, un motif oriental, Chinois ou Japonais, une impression de déjà vu sur un cou délicat, Guiseppe Verdi pourrait en témoigner.

- C’est un cadeau.

- De qui?

- Sois rassuré, d’une femme.

- Je me demande si je suis vraiment rassuré dans ce cas.

- Si un jour je te trompe ce ne sera pas avec une consœur...ce cadeau m’a été offert par une voisine de galerie.

- La grande bringue au coup de girafe et aux griffes de panthère, alors je tremble de plus en plus.

- Léa est comme moi, elle n’aime que les hommes, tu le sais, elle te fait assez de charme quand tu te pointes dans notre antre.

- Jamais remarqué.

- Menteur, cette bonne femme n’a aucun sens de l’amitié,  et puis les jeunes, les moins jeunes et les vieux, aucun ne la laisse indifférente.

- Elle apprécie surtout les sportifs je crois.

- Normal, ce sont ses meilleurs clients.

- Ce foulard, tu sais d’où il vient?

- Le cadeau d’un fournisseur de vêtements de sport mais pourquoi  t’intéresses-tu à ce carré de tissu?

Sans entrer dans les détails, je tiens Martine au courant des affaires en cours, elle me donne parfois des conseils, il m’arrive de lui faire lire un papier qu’elle juge comme une lectrice lambda.

- Tu rencontres des jeunes et jolies femmes dans les squares maintenant... exactement le même dis-tu? alors cette dame à également une bonne copine dans les articles de sport. Viens à la galerie, je te montrerai nos nouveautés et tu pourras bavarder avec Léa, mais attention je t’aurai à l’œil.

Comme à son habitude, le patron débarque dans mon bureau sans tambour mais heureusement pas sans trompette, sa descente à notre étage est toujours annoncé par ses mouchages bruyants et une toux bien particulière, son coryza chronique serait dû à une allergie, laquelle? Il a viré la moquette de son bureau pour faire poser  un parquet mosaïque en chêne, remplacé les plantes grasses de son palier par des fleurs artificielles, interdit au rédacteur de fumer la pipe en sa présence, rien à faire, les picotements dans la gorge perdurent. Nous sommes une bonne poignée à supposer que la source de ses maux émane du parfum très personnel de la capiteuse Cléo, sa secrétaire particulière, mais personne ne dit mot car cette allergie nous rend service.

Il s’installe sur mon siège qu’il trouve plus confortable que la chaise et il n’est pas le seul.

- Demandez que l’on vous change cette horreur, les fesses de vos visiteurs doivent se trouver mal à l’aise là-dessus.

Quand je m’adresse au responsable du mobilier, il hausse les épaules.

- Encore une quinzaine de jours à souffrir, après nous avons les assises et deux beaux procès, je vais vous confier un stagiaire, le fils d’un ami, il se destine à la profession d’avocat et aimerait voir un peu l’envers du décor, le point de vue d’un journaliste. Vous avez encore de quoi tenir d’ici là? l’affaire de Lannois, assez mystérieuse, mais j’ai entendu dire qu’un troisième cadavre aurait été retiré de la rivière, vous qui êtes souvent en promenade sur les berges de la Livette, vous n’êtes pas au courant?

Je me doutais que sa visite cachait un lézard, des fuites en provenance des ouvriers, c’était à prévoir.

- Un nouveau-né... mes sources étaient bonnes? il faut absolument en parler avant la télévision, débrouillez-vous avec les enquêteurs, si vous avez besoin d’un petit coup de pouce du côté du juge.